Lundi
Jo
« Mais faire tous les films avec le même acteur, ce n’est pas répétitif à la longue ? », me direz-vous. Et bien non, et ce film appuie ce fait : pour une fois, on observe de beaux duels verbaux entre les acteurs qui ont dû donner du fil à retordre aux dialoguistes (ça donne quoi, sur le papier ?). Les confrontations Galabru – de Funès ou Blier – de Funès forcent au rire, ou tout du moins au sourire. Le piment de l’œuvre figure dans les situations extravagantes qui font les grands souvenirs des films de cet acteur. On remarque aussi qu’il n’était pas rare que Claude Gensac joue le rôle de la femme de de Funès, et elle est toujours à l’aise dans sa candeur. Mais malheureusement, il faut qu’à l’instar de beaucoup de films de l’époque, on finisse sur une scène de démence et de bazar qui refroidit d’avoir ri des derniers gags et qui met la grosse tête. Certains portraits, comme ceux des anglais, sont récurrents à s’en vouloir de les avoir aimés au premier coup d’œil. Hélas, ce gâchis est d’époque, et va avec ses avantages.
Mardi
Flubber
Ce film rend perplexe : d’un côté, ce n’est rien de plus qu’un moyen parfait pour un enfant de se glisser dans les stéréotypes du cinéma américain, mais d’un autre c’est une réalisation originale remplie de gags simples mais astucieux. Robin Williams y incarne un scientifique passionné et distrait, et c’est ce dernier trait de caractère qui est à l’origine de l’histoire. Autour de lui, certaines scènes provoquant le rire reviendront pour constituer un comique de répétition un peu navrant. Mais l’idée n’est pas bête et elle est très bien exploitée par les effets spéciaux. J’en reviens à dire que c’est un film pour enfants lors de la scène où le gentil robot meurt, palliatif à la mort d’une vraie personne qui serait hélas nécessaire pour un scénario plus adulte. C’est aussi l’histoire d’un couple qui se rabiboche de façon étonnante et assez fulgurante. Tout à fait manichéenne, la fin repose sur la punition bien méritée par les méchants. Ah, n’oublions pas la loufoquerie des chutes, exagérées, et la fausse morale que le film renferme : le héros gentil que le spectateur aime doit quand même assumer d’avoir raté son mariage trois fois, et le méchant qui en profite n’est qu’opportuniste. Bref, un mélange de naïveté et d’un potentiel comique réel qui me laisse partagé .
Mercredi
Conan le barbare
Rien qu’une compilation de brutes ne sachant déblatérer que de cris stupides ou jouer avec leurs épées en plastique. Les rares passages rhétoriques ne compensent pas le moins du monde le démodé somnolent de l’inactivité des scènes. On peut accorder à la musique qu’elle endort, nous tenant un peu à l’écart de cette horreur cinématographique.
Jeudi
La machine à découdre
Pour compenser sa médiocrité d’acteur, Mocky décide de verser dans la démence, et c’est réussi. Il incarne un personnage poignant de bout en bout, même si sa folie met un certain temps à se mettre au point. Au niveau de la manière de filmer, le décor est basique : c’est la banalité urbaine dans laquelle on rajoute un grain de bizarre. Par rapport à ses derniers films, celui-ci fait plus amateur (il y joue lui-même, aucun grand Acteur n’y joue…), mais pour la première fois de toute la série, il parvient pour une fois à y mettre de la puissance. La musique moderne et certains plans (comme avec le train) contribuent à cela. En revanche, comme toujours, c’est la même musique qu’on entend 6 ou 7 fois et ça, c’est fatigant. Pour conclure, merci encore Mocky de vous être recyclé dans la fin heureuse !
Vendredi
Palace hôtel
Une suite ? Un remake ? Ni l’un ni l’autre. La seule analogie au film précédent est le couple que l’on retrouve. Pour le reste, le scénario est bien plus décousu, et il manque la moelle, par exemple fait qu’une troupe d’artistes cherche du travail en pleine crise. On retombe dans un manichéisme marxien de base et un romantisme qui n’est même pas prétexte à de nouvelles histoires dans l’histoire. En revanche, la fin est éblouissante : on sort du film pour se retrouver dans la représentation presque onirique d’un spectacle de théâtre. La mise en scène de ces dernières 10 minutes est une perle qui vaut qu’on regarde le film pour ça. Il constitue d’autre part une parodie révélatrice sur la vision de l’argent à cette époque.
Samedi
Y a-t-il un flic pour sauver l'humanité ?
Un pur navet pipi-caca de pseudo-science-fiction où les acteurs prennent apparemment plaisir à se dévaloriser dans une parodie de film. Rare point fort : les clins d’œil à d’autres films, bien que connus, fourmillent. Ce n’est pas qu’il n’est pas distrayant, mais ce film navre de sa stupidité et fait presque avoir honte de rigoler de ses gags rase-bitume. Les imitations de personnes réelles sont parfois réussies et intéressantes dans leur caricature mais ne font qu’ajouter à la disproportion affligeante de la bêtise de l’oeuvre. Mérite un classement inférieur au « pourri » des Rotten Tomatoes.
Dimanche
Gremlins
Ah, Gremlins. Un concentré de pas mal d’émotions contradictoires : l’amour et la haine, la gaieté et la tristesse…tout ça se mélange tellement qu’on rit de la mort (propulser une vieille dame par la fenêtre du premier étage grâce à son monte-escalier, c’est très drôle, mais…). L’animation (dans tous les sens du terme) des bestioles est plus réussie pour les méchantes que pour le gentil, bien que la coordination avec les gestes des acteurs soit parfois hésitante. Mais comparé aux moyens de l’époque, on peut la considérer comme une réussite. L’évolution de la perception des bêtes par le spectateur est intéressante : elles évoquent d’abord l’horreur et la peur, pour finalement perdre de leur sérieux et se placer au rang des personnages inquiétants mais pas si méchants que ça. Efficace pour se plonger dans une ambiance étrange et un peu folle, même si elle commence à se démoder un peu.
Je ne vous parlerai pas de Gremlins 2, car je l’ai déjà vu et subjectivement (c’est-à-dire sans analyse), il est nul.