(605 mots) Autocortépistole hétéroglosso-anachronique (ça veut dire que c’est une courte nouvelle sous la forme d’une lettre en anglais avec des paradoxes temporels parce qu’elle est adressée à soi-même).
J’ai créé la bannière moi-même avec mes grands talents de graphiste. Vous savez, ceux que je n’ai pas.
Article écrit avec le soutien d’1 tipeur anonyme ! <3
I have lived the perfect writer’s life. Born in 98, right before the famous computers bug. Dead in 02, having put a whole century between those two dates like a man who did not want to give up his story without becoming part of a greater one. Alive while things lasted, alive during the ascent of the true pinnacle of humanity’s best hopes. I am not writing you from the dead, but surely you wonder: why English, why now, why this?
Your centennial self is not the polyglot you longed it to be. I forgot what it is to be you, but I know I am merely going to put more questions in your head that I cannot tell you to dismiss, so please bear with me. I am old and tired, you know what I am for you have seen some version of me in so many works of art that you condemned for their lack of enduring pragmatism. I have seen enough of this world that had already begun to disgust you. It is too late to philosophize about it any more, and to risk losing myself with any turn of phrase that I tear out of my code-ridden brain cells.
All you need to know is that, like all other people on this forsaken rock we have doomed in a blink, I have only one language in my head, this English whose live quirks you were dreaming to witness during your lifetime. You did not. All that science taught you was negated in the past few decades. We were going towards a revolution, yes, but did we ever question whose revolution it was going to be? Maybe we did, you know better. At the eve of their advent, they thought dementia would be gone, along with all mental disorders and that updating our minds was all that was going to be necessary to avoid our programs’ blithe deliquescence, but I have come to believe that Nature is indeed well designed where we still think it to be resilient to our influence.
The Internet was renamed at some point between your time and mine: they called it Earth 2. They split it between countries. I mean the actual countries, at least until the Baby Doom generation took over and made it their own. It all happened like you were so proud to envision it. With a ”few” exceptions, as you were no visionary.
Now your why’s have all turned to drivel-looking questions : why bait you with apocalyptic sermons and time traveling indulgence you could pretty much imagine for yourself? Why have I become the self-involved ranting old-timer you had sworn never to be?
Because you have to change. But not like you are afraid to have to change. Change your mind, not your ways. Take responsibility for your dreams, and stop barricading the satisfaction you forbid yourself to feel under what, deep inside, you think to be humble and worthy refrainments. You think you are cutting yourself off from the world even more, but all you do is imprisoning yourself out of yourself. The world will come to you and you already know that you don’t know what to expect. I do. So let it come.
Yo soy el que tú serás y tu fuiste el que yo fui. Te entregaste a la poesía, y no lo lamento. Aprenderás a morir con felicidad. Tienes miedo de vivir… No eres culpable de vivir como tú vives. Serías culpable si vivieras como los otros quieren que tú vivas. ¡La Vida! El cerebro hace preguntas, el corazón da las respuestas. La vida no tiene sentido, ¡hay que vivirla! ¡Vive! ¡Vive! ¡Vive!
© Eowyn Cwper
What a future! S’uploader l’esprit dans un Internet qui est, je suppose, une sorte de «Second Life» géant :/ enfin, c’est ce à quoi «Earth 2» m’a fait penser. Ce sentiment de devoir se changer, c’est celui de ton futur toi fictionnel, ou aussi de toi auteur réel ?
C’est drôle, mais plus j’imagine le futur, moins je crois aux navigations éthérées en mer de 1 et de 0, mais au contraire, au réel qui nous rattrape. J’imagine plutôt l’hybride entre un film d’horreur (largement psychologique) et une sorte de «Mad Max» soft, ou de «La Route»… Un type se frayant un chemin entre du plastique et des carcasses en ferraille, espérant trouver, dans ce foisonnement de mort, des flaques d’eau entre les flaques de mercure ou de détergent. La technologie, je la vois de plus en plus comme une magie, un apanage de privilégiés qu’une population redevenue sauvage, folle, ou les deux, verra comme une source de fantastique.
J’ai bien aimé cet entre-soi intertemporel, ton style en anglais est encore plus singulier qu’en français.
P.S. je retiens «hétéroglosso-anachronique», à replacer dans les films censés se dérouler en Égypte ancienne ou figurant des planètes situées à des centaines d’années-lumière où on parle pourtant Standard American English, avec un petit accent californien…
Mon Earth 2 est prévu pour rester un mystère puisque je compte bien avoir raison en disant qu’Internet et la Terre cohabiteront… M’enfin, on verra. Le futur n’est plus ce qu’il était. Alors, de qui c’est le futur… bah j’sais pas vraiment. Mais je pense qu’on va vers un très gros truc et que ça va être bien rigolo.
Sérieux, mon style est singulier en anglais ? Pourtant j’y suis moins libre. Tu me fais me demander si je ne suis pas meilleur auteur avec moins de mots, ce qui tendrait à dire que je sois simplifier mon style. On me l’a déjà tellement dit.
T’inquiète pas pour l’hétéroglosso-anachronie. Un jour, je serai conlanger à Hollywood et je vais tout changer.
Ah oui^^ exemple: «Take responsibility for your dreams, and stop barricading the satisfaction you forbid yourself to feel under what, deep inside, you think to be humble and worthy refrainments»
Je trouve que ça fait encore plus singulier en anglais qu’en français
D’une manière générale, je trouve ton style ultra-construit, travaillé et sophistiqué, volontiers «scientificisant» et «technicisant» (ton amour de la SF ?), mais j’ai également remarqué que c’était par les contraintes (imposées par la versification, la langue, le style) que paradoxalement on s’épanouissait le mieux. Ironie du sort, je me suis toujours refusé à écrire en anglais ou allemand, par peur de ne pas pouvoir exprimer ce que je voulais exprimer comme je voulais l’exprimer !
Ma foi, merci beaucoup ! Souvent l’anglais me permet de mettre des mots sur des choses que je n’ose pas nommer en français. Clairement, j’ai une personnalité différente selon la langue que j’utilise, au moins entre ces deux là. En plus, je trouve l’anglais beaucoup plus émotionnellement direct et libérateur. On peut faire une jolie phrase bien pleine sans se poser trop de questions euphoniques ou grammaticales. Faire de l’émotionnel en français, je ne sais pas si c’est subjectivement difficile ou que la langue est vraiment trop artistique à la base pour être optimale dans ce sens, mais j’en sens clairement les effets.