Pendant le mois d’août, le blog est en mode vacances, ce qui signifie peu voire pas de critiques. A dans un mois donc !
Le lundi, j’ai foui…
Le Tueur
Jean Gabin – Il s’agit peut-être là d’une remarque un peu morbide, mais plus la mort de Gabin approche, plus ses films marquent par leur caractère transitionnel. Après un drame romanesque teinté de réaménagement urbain, Le Tueur est un retour au film policier, mais qui n’omet pas d’assaisonner le contexte à grands coups de modernisation supposée de la police dans le but visiblement raté d’améliorer l’opinion des masses à son sujet. Là-dedans, Gabin est l’ancêtre conservateur. Très bien. Moins bien par contre, la réalisation, comme si ceux derrière la caméra avaient fait un effort de bonne volonté pour évoluer sans y parvenir vraiment. Et la post-synchronisation faiblarde qui ne gâche rien du jeu des figurants car il n’est pas non plus de très bonne facture. Oui, même toi, Depardieu.
Le mardi, j’ai foui…
Le Récidiviste
Dustin Hoffman – Hoffman en malfrat. Bon. Cela fonctionne, rien à redire. On s’y serait attendu, l’acteur donnant toujours le meilleur de lui-même presque jusqu’à diriger le film (il s’est finalement résigné à engager un régisseur). Le scénario n’est pas le point fort mais il a quelque chose de vrai qui fait qu’on s’y accroche volontiers. Il est simplement dommage qu’aucune profondeur ne se cache derrière les pages du script ; on devine que le criminel devient un récidiviste pour s’être fait harceler par les autorités pendant sa liberté conditionnelle, mais le film a le tort de ne pas insister sur cette ironie, ce qui la fait ressortir toute bête et simplette. Même chose en ce qui concerne l’escalade : on devine là encore qu’elle est horriblement inévitable sans que l’accent soit mis sur ces ennuyeux paradoxes judiciaires. Et puis certains personnages phares – M. Emmet Walsh en parfait contrôleur vicieux de conditionnelle ? – disparaissent tout à coup, comme oublié par les auteurs. D’autant plus un gâchis que l’oeuvre est déjà captivante de bout en bout pour ce qu’elle est. On aurait juste pu en tirer un chef-d’oeuvre, à peu de choses près.
Le mercredi, j’ai foui…
Bons Baisers de Russie
James Bond – Un autre des pas maladroits vers l’équilibre de la série James Bond, qui commet moins l’erreur d’être kitsch. On est bien d’accord que cela ne se choisit pas, mais il faut souligner à quel point Dr. No s’avançait trop loin dans des domaines de la science-fiction encore tellement mal éclairés par les caméras. Bref, Bons Baisers de Russie : le pas en avant est sensible, on appréciera l’apparition discrète de quelques gadgets primitifs. Il est en revanche fâcheux pour le spectateur contemporain que le film d’action lui semble un genre récent, car il sera très peu indulgent envers les premiers films sur 007, casant beaucoup plus d’erreurs dans la case des moyens défaillants que dans celle, plus objective, de la période de la réalisation. La séquence avec l’hélicoptère en est une illustration frappante : la scène était réaliste, au point que le pilote a mis la vie de Sean Connery en danger. D’un tournage si extrême, pointilleux jusqu’à l’imprudence, le résultat ne peut être que bon. Mais il a fallu que ces scènes énergiques soient complètement ravagées par le montage, les faisant se succéder comme en un capharnaümoscope idiot. Enfin bon, l’âme de James Bond deviendra grande, et en attendant, le divertissement est présent.
Le jeudi, j’ai rien foui…
Le vendredi, j’ai foui…
Vij
Film en langue russe – Une amusante production soviétique dont on remerciera les producteurs de ne l’avoir fait durer que 72 minutes. Le montage est abominable, les dialogues d’une pauvreté aux antipodes de faire honneur à la langue russe. Par contre, ils ont fait des trouvailles en matière d’effets spéciaux qui valent le détour – entendons-nous : à d’autres moments que celui, par exemple, où ils ne se gênent pas pour montrer un décor tournant pour simuler la lévitation des personnages. Mais l’usage de ces effets est inégal, allant de l’astucieux à l’épouvantable. Une simple chose sauve le film d’une appréciation unilatéralement mauvaise : il est amusant !
Le samedi, j’ai foui…
L'entreprenant monsieur Petrov
Film musical – Le filon gigantesque Astaire-Rogers a connu bien des hauts et des bas. En ce qui concerne Petrov, il s’agissait bien d’un haut. A sa profession déjà prenante de danseur-chanteur-acteur, Astaire a dû cette fois ajouter beaucoup de travail d’humoriste, mais ce n’est pas là de quoi le différencier d’autres de ses prestations. Ce en quoi il a ici excellé, c’est qu’on a l’impression de ressentir son humilité aux moments où il n’est pas à l’écran ! Un paradoxe un peu absurde, pourtant son talent méritait plus de place et on n’a en aucun cas l’impression qu’il a dû se restreindre à une partie seulement de son potentiel. Pour finir, il n’a pas dû y avoir beaucoup de films des années 1930 donnant à ce point l’impression que de multiples caméras tournaient simultanément à chaque scène. Les jointures sont parfaites et cohérentes. Et puis perfectionniste ! La scène en patins à roulettes a pris près de 150 prises, et au moins 15 fois le duo s’est laissé tombé douloureusement sur l’herbe.