Le lundi, j’ai foui…
Des Gens sans importance
Jean Gabin – Il ne faut pas prendre le titre de ce film à la lettre, car si les personnages et leurs vies sont banals, l’histoire qui vient à leur rencontre ne l’est pas. Le scénario puise dans les autres réussites de Jean Gabin où il conduit un véhicule quelconque – et il y en a un paquet. De cela est tiré un portrait familial et amoureux déchirant, inspiré des terribles récits que le cinéma français affectionnait jusque là et dont il se sépare à cette époque.
Le mardi, j’ai foui…
Batman
Tim Burton – Le Batman de Tim Burton a des airs d’innovation dans le bouillon artistique infiniment recyclable des super-héros. Mais sa recette a mauvais goût.
L’atmosphère glauque de Gotham City est déjà un antagonisme évident au style enfantin, coloré et plein de fioritures de Burton ; il ne peut d’ailleurs s’empêcher d’en ajouter des touches, de couleur.
Ensuite, il n’est fait aucun mystère de l’identité du héros, à tel point qu’on se demande si c’est fait exprès ou non…D’autre part, dans la sphère inépuisable des Marvel, on ne sait jamais où chaque oeuvre commence. Autre fait dérangeant : le montage masque l’impuissance des effets spéciaux derrière une épouvantable succession d’images. L’inadéquation du fameux réalisateur s’en ressent jusque dans la musique incongru de Danny Elfman mélangée à des originaux de Prince. Enfin, il est évident que parmi les acteurs, seul l’excellent Jack Nicholson s’est vraiment amusé – et ce dernier l’a avoué.
Bref, comme l’a dit Burton lui-même – et on s’en réjouit -, un « phénomène culturel plus qu’un grand film ». Grand bien lui fasse que les salles comme les fans aient été comblés, mais cette version de 1985 de l’homme-chauve-souris s’inscrit dans la lignée des mauvais films de super-héros.
Le mercredi, j’ai foui…
L’Équipée du Cannonball
Le jeudi, j’ai foui…
Les Âmes noires
Film en langue italienne – Une exploration insipide des âmes et des actes dans les circonvolutions tentaculaires d’une famille italienne interlope, plongée dans les méandres belliqueux d’une mafia démente…Dur à suivre, une oeuvre qui perd presque l’intérêt de sa VO au vu de la prégnance imperméable du dialecte local. Pas forcément mauvais, mais trop peu accessible à tous les publics pour être correctement interprété par tous.
Le vendredi, j’ai foui…
Baboussia
Film en langue russe – Ce film a des airs de création amateure, ce qu’on ressent dès la première seconde de la première image. Pourtant, on est aussi vite plongé dans une ambiance agréable qu’on ne saurait réduire à la représentation traditionnelle d’une famille typique, voire rustique. Le scénario fait comme une mosaïque, où chaque personnage ne faisant que passer constitue une petite tuile dont l’ensemble est harmonieux, mais seulement vu de loin. L’oeuvre ne paye pas de mine au premier abord, mais elle est fait excellemment jouée et très bien réalisée. Un poème cinématographique composé avec talent et humilité.
Le samedi, j’ai foui…
Ô toi ma charmante
Film musical – Toujours le même humour, toujours les mêmes acteurs, pas de changement dans l’histoire, pas plus que dans la morale…Divertissant, et en tout cas toujours pas l’oeuvre qui poussera Fred à s’taire (elle est facile mais il faut bien meubler quand on dit la même chose de chaque film d’une catégorie donnée).
Le dimanche, j’ai foui…
Bienvenue au gîte
Enfin un spécimen de création cinématographique française qui ne base pas son intrigue sur les quiproquos lassants hérités d’un vaudeville périmé, dont les rebondissements romantiques inconfortables sont l’insupportable impondérable. Ici, le couple au cœur de l’histoire est mignon, sans donner dans l’idéal amoureux non plus. Par ailleurs, il ne nécessite pas la rupture et la réconciliation détestablement traditionnelles. La fin est logique et satisfaisante. Pour continuer dans la comparaison, l’humour est moderne et grinçant, sans assumer faussement le caractère de cochon des Français à l’écran. Les humeurs sont franches, sans excès et jouées à la perfection. Les personnages centraux mettent en valeur la masse de tous les interprètes, et non l’inverse, et de ce fait chaque situation est saine et jubilatoire.