Lundi
Au-delà des Grilles
Jean Gabin nous propose ici une production palpitante, riche en antagonismes émotionnels où le scénario comme les relations s’entremêlent harmonieusement au gré de petits mensonges, de petits gestes. Mais pourquoi, au nom du Grand Ecran, pourquoi faire de l’avenir une chose si précieuse et utopique du moment que l’histoire finit mal ? Et quelle est cette fin si brutale et définitive, synonyme de la fin d’un amour alors que tout se solde seulement par un séjour en prison ? D’accord, on peut comprendre que la peine capitale l’attend…Mais alors, les sentiments en moins. Dommage car la coordination franco-italienne, sans peur d’inonder le public de sous-titres, le destinait à un beau résultat.
Mardi
L'Empire du Soleil
Spielberg en aura lancé, des carrières ! Ici, il révèle Christian Bale que les talents infini d’enfant acteur mettent au premier plan, dans tous les sens du terme. L’histoire repose sur un équilibre étonnant, exceptionnellement neutre, voire objectif, sur le spectre du bien et du mal : il faut du temps pour repérer les « gentils » et il n’y a pas de miracle. Bannie, la résurrection. Ce choix très fade sur le papier permet au contraire de mettre en exergue chaque acte, fut-il mineur. Dans la suite logique de 1941, mais dans le registre opposé en terme d’humour (banni aussi dans L’Empire du Soleil), encore un de ces films qui font honneur à leur longueur par force émotions.
Mercredi
The Secret
Quand un film passe tant de temps dans les explications, c’est que quelque chose a raté. Non content d’avoir assommé le spectateur de ces interminables justifications d’un scénario trop compliqué, l’histoire passe à côté de ses points forts. Dommage car c’est une oeuvre dont l’intérêt psychologique est certain ; par ailleurs, les images sont magnifiques, la réalisation impeccable et tout a le mérite de donner une vision unique de la façon dont les criminels vivent leurs fautes. Beau et plein de surprises, mais au prix d’une confusion excessive.
Creepshow 2
Attendu avec une impatience toute naturelle par les fans du premier Creepshow, ce deuxième recueil se révèle plutôt à la hauteur. Même si le passage de cinq à trois sketches laisse sur sa faim, l’atmosphère générale est plutôt bien conservée. Moins sombre et plus accessible au jeune public, il peut aussi décevoir par son manque de piment. Si on ne s’aventure pas trop dans le jeu d’acteurs médiocre et la redondance propre à une adaptation trop fidèle d’une oeuvre écrite, on se laisse vite prendre à l’histoire et on ressent les frissons promis.
Jeudi
Le Fantôme de l'opéra
Un peu plus audacieux que ses prédécesseurs en matière de scénario, ce film nous propose une version plus humaine, où la méchanceté de lord d’Arcy passe pour du pur sadisme. L’oeuvre a encore du mal à faire passer la notion d’amour, ce qui était chose commune dans le cinéma de l’époque, ce que peine à relever Heather Sears, l’actrice principale, dont la très courte carrière semble aussi complète que son absence de charme à l’écran. L’intérêt reste concentré sur une poignée de personnages plus riches que d’autres mais la présentation « topographique » de l’opéra et ses alentours, plutôt exhaustive, empêche le spectateur de décrocher.
Vendredi
Le Droit du plus fort
Dans un registre toujours résolument fassbinderien, ennuyeux à mourir et risible dans le jeu d’acteurs, c’est une des réalisations de Fassbinder où l’émotion passe le mieux. Il s’y donne un grand rôle, relativement autobiographique comme en témoigne le thème homosexuel, mais dans lequel il est au final plutôt convaincant. Une énième histoire au tournage si similaire que les autres, mais celle-ci n’est pas des pires.
Samedi
Chitty Chitty Bang Bang
Ce film est une réussite si criante qu’elle désespère le critique d’y trouver un défaut. Quand les images ne sont pas d’une richesse incommensurable en termes de détails, elles sont techniquement admirables, ou au moins surprenantes (il est par exemple étonnant de voir qu’on n’abuse pas ici des plans fameux où une voiture immobile est filmée devant un paysage en arrière-plan qui défile pour suggérer que le véhicule avance). Et quand bien même l’aspect technique ne justifierait-il pas la beauté des plans, dans les rares moments où cela arrive, les images sont simplement…belles. Remplie de personnages sensibles et drôles, cette oeuvre propose deux histoires : l’une convenue et romantique et l’autre poétique et imaginaire à l’ambiance complètement différente, si bien qu’il y en a pour tous les goûts même si d’aucuns peuvent regretter ce passage de l’une à l’autre.
Dimanche
La Ligne verte