Lundi
Gueule d'amour
Ce film est une évolution – encore une – dans le cinéma français, qui n’hésite pas à montrer la cruauté de l’amour. Un projet audacieux porté au pinacle par la prestation d’acteurs hors des critères de l’époque dans leur sensibilité, et en plus extrêmement communicatifs dans leur vision de la vie. Pour parler personnellement, c’est un des seuls vieux films qui me fassent substituer, en esprit, les acteurs par ceux qu’on choisit aujourd’hui pour des films profondément sentimentaux et complexes. Riche en sentiments, transmetteur d’émotions, il défend les anciennes valeurs de l’amitié et de la loyauté mais émeut dans ses implications.
Mardi
Boulevard
Une exploitation peut-être un peu trop poussée de la tristesse et de l’amertume que Robin Williams vouait objectivement à ses ultimes rôles. L’oeuvre fait le choix de l’exploration de la personnalité, et il ne manque certainement pas du mérite de faire parler à son sujet, tant les pistes utilisées, malgré leur apparence dramatique banale, sont en fait profondes. Manque toutefois de pas mal de matière, car aucun chemin scénaristique précis n’est suivi et le spectateur reste sur ses interrogations : le personnage est-il gay ? Quelle est sa quête ?
Mercredi
Shining
Shining a fait le choix de la longueur, avec deux heures et demi d’angoisse promises. Dommage que cette décision soit mal assumée : la musique est d’abord surexploitée et inutilement agressive dans la première partie, apportant par la non-satisfaction qu’elle génère une sensation de superflu et de bouche-trou. On pourrait croire que c’est pour que le scénario regorge plus de scènes typiques du livre, et pourtant la pauvreté par rapport à lui est assez voyante. D’autant que cet effort enlève toute l’énergie à la deuxième partie de l’histoire, cette fameuse montée en puissance dans la folie du personnage central au terme de laquelle elle aurait dû être déployée dans toute sa grandeur. L’ambiance, tout comme le casting sont en revanche excellents. Ce dernier met tour à tour en valeur le charisme inattendu de Shelley Duvall (qu’on retrouve très niaise dans Popeye la même année !) et la puissance du personnage ambigu de Jack Nicholson si bon dans l’insanité.
Jeudi
L'Île oubliée
Ce qui était barbant dans la version originale du film à cause de son âge, celui-ci l’a rendu barbant en faisant de la fidélité à l’ambiance de son ancêtre une réalisation technique. Plus d’excuse pour justifier ce scénario hors des âges, qui prend le risque de faire porter le film par des enfants uniquement. Sans même se rabattre sur une autre option d’ « annihilateur d’ennui » comme la musique, la régie fait le choix de plein de scènes très courtes pour ne pas trop importuner le spectateur. Insuffisant malheureusement : c’est un film qui s’est embrigadé dans un monde très petit et sans diversité dont même des images rapides ne suffisent pas à atténuer la lourdeur. On le sent bien dans la répétition de certaines scènes. Un bon point pour le casting : les enfants qui jouent dans le film ont une sensibilité à laquelle on ne s’attend pas que de jeunes acteurs accèdent. Mais de toute façon, faute d’autre chose, il lui fallait bien un beau casting, qu’on peut quand même accuser de recopier le modèle de la version de 1963.
Vendredi
Samedi
Popeye
Ce film aux moyens très…datés se revendique en quelque sorte « dessin animé filmé » et sa réalisation elle-même en devient de fait amusante. Si on ne se focalise pas trop sur les enfantillages peu reluisants que l’oeuvre peine beaucoup à faire passer pour de l’humour, il est relativement facile, dès lors, de s’émerveiller de la première apparition de Robin Williams au cinéma et de l’univers complètement déjanté qui nous est présenté. Certains détails techniques, faute de vraiment rehausser la qualité de la chose, sont en revanche charmants, comme l’étrange entrecroisement des dialogues des différents personnages. A voir une fois pour s’instruire, au moins, si on sait faire abstraction du rythme lent et rapide en même temps qui est assez désagréable.