Lundi
La Bête humaine
Une adaptation de Zola qui se devait d’être à la hauteur, et qui est finalement portée au pinacle de façon tout à fait normale par la prestation de Simone Simon pour le côté « gentil et mignon » qui contrebalance la dureté du rôle de Jean Gabin, dont on réalise spécialement le talent lorsque figure dans son texte la phrase introductive du film, elle-même tirée du livre. Le fond très psychologique qu’en tire l’oeuvre cinématographique ne peut que rendre attrayante l’atmosphère pourtant horriblement oppressante et glauque. Bref, un bon mélange, une alchimie qui marche et un film d’anthologie.
Mardi
Absolutely Anything
De la science-fiction sans effets spéciaux ni date extravagante, dont le scénario ouvre toutes les portes. C’est ainsi qu’on pourrait résumer cette relique des Monty Python où aucune scène n’a pas son sous-entendu marquant, parfois un clin d’œil vibrant à des données culturelles assez américano-anglo-centrées mais qu’on se plaît à reconnaître. Dans un cadre absurde où un groupe très fermé d’extra-terrestres donne le pouvoir absolu à un terrien moyen, d’ailleurs incarné par l’acteur moyen, pour tester l’aptitude de ses semblables à intégrer le cercle des races supérieures, il ne fallait pas rater l’exploitation d’un scénario aussi juteux. Quand le terrien utilise le pouvoir qu’il se découvre soudain, un éclair bleu illumine sa main. Combien de fois verra-t-on cet éclair ? Un nombre incroyable de fois. Et le spectre des désirs de ce terrien va des plus mâles de ses volontés à la quête de l’amour en passant par des souhaits mineurs, tous aussitôt demandés, aussitôt exaucés, qui garantissent ou bien un fou rire ou bien un lien parabolique avec une autre scène qui constitue le ciment d’un scénario où tout est possible, du moment qu’aucune piste n’est trop poussée. Un scénario qu’on pourrait par ailleurs qualifier de « facile » puisque modelable à volonté, mais c’est une chose qu’on ne pense pas à en dire car voilà : ce que change le terrien dans son existence ou celle des autres s’inscrit élégamment dans l’histoire, sans que la réalisation semble se préoccuper de la cohérence. Si ces changements infinis étaient plus explorés, le film irait vite à la dérive, emporté par les justifications galactiques qu’il aurait alors réclamé pour continuer de captiver le spectateur. Mais la parcimonie est au rendez-vous, et le script est très bien mûri. Profond et scatologique à la fois dans ses choix, c’est une oeuvre qui offre en tout cas des perspectives jubilatoires. Un château de cartes prêt à s’effondrer à la moindre erreur mais qui tient.
Mercredi
Cujo
Très conforme au livre, le film Cujo fait le choix de séparer son histoire en deux parties principales, dont l’introduction qui prend une grande place. Trop grande sans doute. Quand on entre dans les choses sérieuses, c’est pour s’engager dans une répétition scénique assez lourde qui ne fait supporter que le maquillage excellent du chien. On remarque aussi quelques redondances dans les dialogues qui font s’écrouler le reste de l’intérêt. Il ne reste plus qu’à profiter de l’angoisse que procure certainement l’histoire.
Jeudi
Dragons
Convenu mais rafraîchissant, un film qui apporte vraiment un monde original, avec son grand bestiaire dragonnier et ses vikings brutaux. Un monde qui verse d’ailleurs dans le cartoon, au vu des dimensions physiques des personnages ; on s’attend à voir écrit un grand « BAF ! » sur l’écran pendant les combats, par sa forte analogie à la série Chasseurs de Dragons. Pas de surprise mais pas de déception non plus, le spectacle est au rendez-vous, la morale classique mais agréable, et on quand même s’étonne de voir le protagoniste perdre une jambe. Ébouriffant.
La Mouche
Cronenberg, c’est tout un style. Du vrai gore pour le gore, un « dégueu » à supporter. Mais ça se justifie quelque part dans son choix et dans un souci de réalisme, surtout quand quelques scènes sont à la limite du compréhensible pour le spectateur, comme celle de la gymnastique. Et aussi, bien que le réalisateur se soit avant tout ostensiblement engagé là-dedans, au niveau du maquillage. Avec une implication scientifique qui ne démérite pas, au final de la bonne SF avec toutefois un trop bon appel à la suite à la fin.
Vendredi
Effi Briest
Extrêmement bavard et verbeux, un film où s’est exprimé l’ « art » de Fassbinder d’une façon analytique toute nouvelle qui explore au plus profond des sentiments avec le paradoxe de tourner avec des acteurs inexpressifs, toujours les mêmes depuis le début de sa carrière. Dommage que le résultat soit à la fois trop long et trop vide, puisque sont utilisés à la fois la voix off et les textes inter-scènes pour remplacer des plans que le réalisateur n’a bizarrement pas jugé utile de tourner. Un brouillon.
Samedi
Chromosome 3
Un film où le style n’a pas su s’affirmer, toujours à pencher d’un côté différent de la balance, hésitant entre le thriller et la science-fiction pour ne finalement se décider au gore qu’à la toute fin d’une façon où le mystère a une grande part mais pas la plus jolie. Un cinéma pas convaincant où les acteurs ne croient pas à leur rôle.
Dimanche
L'Homme bicentenaire
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