Le tournage d’Avatar 2 a démarré en Nouvelle-Zélande le 25 septembre, quasiment huit ans après la sortie du film original. J’ai pensé qu’à cette occasion, je pourrais retracer vite fait l’histoire de cet embryon de saga, dont on espère (ou dont on peut regretter) qu’elle devienne une série presque aussi emblématique que Star Wars.
Si on en croit la date de sortie annoncée du deuxième opus (décembre 2020), on peut d’ores et déjà le compter dans la course des films les plus attendus de la décennie. Mais onze ans, c’est long, et les fans auront aussi appris à redouter cette suite ; quand on a le DVD ou le fichier .avi depuis si longtemps dans sa cinémathèque, il a pris la poussière. On a pu s’en lasser. Si ce n’est pas le cas, alors on le considère avec nostalgie et on n’a pas envie qu’une perpétuation commerciale l’abîme.
Ceux qui se reconnaissent ici ont plus d’une raison d’avoir peur : il est déjà connu que deux personnages laissés pour morts dans le premier film (ceux de Sigourney Weaver et de Stephen Lang) figureront dans les suites.
Il est encore trop tôt pour dire de l’oeuvre qu’elle a vieilli, mais à la vitesse où va l’évolution technologique et au regard du budget qu’on va allouer à Cameron, il n’est pas dit qu’on pense la même chose d’ici trois ans. Et l’intéressé a bien confirmé vouloir tirer le maximum des avancées techniques. C’est d’ailleurs avec avec des scènes en motion capture que le tournage a été inauguré.
Depuis notre année 2017, il est légitime de porter un regard accusateur sur ces potentielles onze années d’attente. Cameron n’a réalisé que douze films en tout, on attend de lui encore de nombreux succès, d’autant que sa compétence est grande : réalisateur, scénariste, producteur, monteur, explorateur, il sait tout faire.
A l’origine, le « 2 » devait sortir en 2014, puis il a été retardé trois fois. Pourtant, Cameron ne nous a rien donné à nous mettre sous la dent en attendant. On a supposé que l’épisode 7 de Star Wars (justement) lui faisait de l’ombre en 2015, mais il faut surtout ne pas perdre de vue le chantier colossal que les films représentent : pensé pour la première fois en 1994, le premier a nécessité quatre années et demi de travail effectif. A partir d’hier, Cameron se lance dans la réalisation simultanée des quatre suites d’Avatar. On verra bien le résultat, mais cela annonce dans tous les cas beaucoup, beaucoup de pain sur la planche. Alors il ne faut pas trop lui en vouloir d’avoir pris de l’élan. D’ailleurs, c’est l’épisode 8 de la saga précitée qui va peut-être le concurrencer à ce moment-là.
Notons également que Cameron est un expert dès qu’il s’agit de satisfaire le public ; quand on apprend qu’il va ressusciter des personnages, il est en théorie plus justifié de s’en étonner que de s’en défier. Par association d’idées, cela me rappelle la résurrection d’Ellen Ripley dans Alien, la résurrection (de Jean-Pierre Jeunet), un des retours à la vie les plus cohérents dans la catégorie poids lourds, onze ans après que Cameron ait réalisé le retour (1986).
Je vais conclure cet épitomé par une remarque positive : aux USA, les suites s’appeleront The Avatar Sequels, avec un sous-titre par épisode. C’est extrêmement bien joué pour séduire les nostalgiques, qui devraient normalement être rassuré par ce détail sur l’intégrité du film original. Si les suites perdent en puissance (ce qui, dans une certaine mesure, est obligatoire quand on en prévoit un si grand nombre), on pourra toujours se dire « ce n’est pas grave, c’était une série dérivée ». Quitte à désavouer la franchise, faisons-le sur son aspect commercial !
Bref, comme on dit en Na’vi : Tsari ngaru etrìpa syayvi* !
* « Bonne chance ». Apprenez le Na’vi : https://learnnavi.org/