Cinébdo – 2019, N°2 (Hôtel Woodstock, Valérian et la Cité des Milles Planètes, Le Désert des Tartares, Rock Forever, Harragas + 4)


Désolé pour ce cinébdo un peu long, c’est juste histoire de reprendre le rythme !

Ce format consiste en une compilation de mes critiques sur les films que j’ai vus dans la semaine.

N’oubliez pas qu’un like, un commentaire ou un abonnement soutiendra mon travail en plus de me faire plaisir ! ❤

Sommaire
Hôtel Woodstock (Ang Lee, 2009)
La nouvelle vie de monsieur Horten (Bent Hamer, 2007)
Valerian et la cité des mille planètes (Luc Besson, 2017)
Le Mexicain (Gore Verbinski, 2001)
Le Désert des Tartares (Valerio Zurlini, 1976)
Mes chers amis 3 (Nanni Loy, 1985)
Quelques jours de la vie d’Oblomov (Nikita Mikhalkov, 1980)
Rock Forever (Adam Shankman, 2012)
Harragas (Merzak Allouache, 2010)


Image d’en-tête : Valerian et la Cité des Mille Planètes ; films 4 à 12 de 2019

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Le samedi d’avant : Hôtel Woodstock

(Ang Lee, 2009)

« Thématique : film musical »*

Faire un film de commémoration de Woodstock sans la musique, ça ressemble à l’idée de sortir la perle d’une huître sans l’ouvrir. Mais Ang Lee, prompt à démontrer que l’identification à la culture étrangère ne rencontre d’obstacles que si l’on s’en convainc, la fait scintiller à travers l’étroite fente donnant sur le légendaire festival.

Quoiqu’un peu rapide pour la remise en contexte (vous êtes assis ? On parle du Viet Nam et d’Armstrong sur la Lune. Bon film), Hôtel Woodstock est épatant en termes de recréation (un seul accent aigu), rien déjà que dans la façon dont Max Yasgur et Michael Lang sont transformés en personnages (dans un sens purement physique). Et le documentaire de Wadleigh, auquel le film ne manque d’ailleurs pas de faire plusieurs fois allusion, est là pour confirmer la rigueur.

On regrettera la mollesse de l’acteur principal Demetri Martin, dont la personnalité vaseuse n’aide pas à accentuer la plongée d’un joli monde fleuri dans les affres instantanés d’une célèbre zone sinistrée. Mais la montée de la foule, qui déconstruit littéralement le tournage en piétinant tout ce qui se trouve sous la plante de ses pieds nus, est assez finement explorée ; venant de nulle part et allant un peu partout, on en perd les limites géographiques et c’est parfait.

Mention spéciale aussi pour la reformation d’un esprit hippie dont on ne cesse de parler à notre époque comme si on regrettait de l’avoir assassiné à jamais, raison même pour laquelle on le retrouverait difficilement sans la presence d’esprit de Lee. Mais le film se veut la réinterprétation d’un évènement marquant d’une façon dramatico-comique, et cela ne marche pas très bien. C’est d’ailleurs l’expertise lyrique d’Imelda Staunton qui révèle les failles du concept, dont il semble qu’il aurait mieux marché avec seulement des flagadas comme Martin. L’apport de la jeunesse et de la drogue dans ce cocon familial à moitié bavé par un stylo distrait ne fait que tâcher une entreprise autrement intéressante.


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Le dimanche d’avant : La nouvelle vie de monsieur Horten 

(Bent Hamer, 2007)

« Thématique : langues du monde »*

J’ai commis le péché d’hollywoodisme au visionnage de O’ Horten : j’ai d’abord cru y voir un film qui ne savait où placer sa naïveté, dramatique par son histoire et nous dirigeant par la musique et le style vers la voie d’une candeur incompréhensible. Il m’a fallu attendre que plus de la moitié du film se soit écoulée pour commencer d’y voir un sentiment nouveau que je vais appeler « empathie amusante« , la vie vue à travers le prisme de la gentillesse d’un vieil homme dont la vie est chamboulée, une ode aux paroles simples qui est un vrai poème d’insouciance pour qui sait l’y lire.

C’est encore la vacuité de l’œuvre que je dénonce, car si elle laisse une place piquante à l’absurde, elle tient difficilement le rythme pour l’épanouissement du scénario et nous laisse à chaque plan avec une sensation d’insatiété. Mais tout dans sa façon est poétique : la musique inspirée, l’interprétation par Baard Owe, et jusqu’au côté inexplicable de ses péripéties insensées. Pas forcément très lisible mais d’une extrême joliesse.


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Lundi : Valerian et la cité des mille planètes

(Luc Besson, 2017)

« Hors-thématique »*

Valerian, cette œuvre tirée d’un travail français par un Français avec des dollars et quelques euros : on en attendait beaucoup, ne serait-ce que parce qu’elle promettait cette hybridation fantasque. Dommage, car force est de constater qu’il en est une autre : du Star Wars, des Minimoys, des Gardiens de la Galaxie, beaucoup du Cinquième Élément, et peut-être bien d’autres œuvres plus récentes que je tairai faute de les avoir vues.

Besson a sacrifié sa créativité au dieu tout-puissant des courants artistiques, ou bien sont-ils monétaires ? Ce n’est pas son seul sacrifice, car ce qui tue le plus Valerian à mon avis, c’est de donner un boost à des clichés qu’on fatigue à mentionner pour rendre sa création particulièrement lisible : le sacrifice, la morale bafouée, l’explication qui n’a rien à foutre là mais qu’on ajoute pour mieux immerger le spectateur dans un monde où tout n’est qu’illusion, et surtout le fait que le film se contient tout lui-même comme s’il était emballé sous vide.

Vous n’avez pas remarqué que tous les micro-évènements sont liés de près ou de loin à l’intrigue principale, et qu’ils sont tous dénoués à la fin ? Aucune marge n’est prise, ou alors elle était réservée aux inserts très classes avec un maximum de fond vert. Dommage que le design, si bien pensé et si riche, soit réduit à cette place d’encart publicitaire. On croirait lire une BD, en fait.

Petite différence qui fait plaisir : tout est efficace. Dans le sens où on a longtemps laissé éclore nos fantasmes dans la science-fiction sans la délester des lenteurs et des grincements de notre monde. Besson fait enfin tomber cette barrière. Mais si c’est pour y ajouter des personnages sans aucune liberté autour de leur destin connu dès le départ – si ce n’est d’avance –, ça ne valait peut-être pas la peine. Ils bondissent avec maladresse autour d’une corde bizarrement privilégiée : celle du « deal« . La négociation a bien sûr des côtés intéressants, et elle semble inévitable sur une « cité des mille planètes », mais elle est écrabouillée par la superficialité d’espèces aliens trop nombreuses et souvent développées seulement pour leur côté comique.

Valerian promettait un mélange étonnant. Mais le réalisateur l’a fait à partir d’ingrédients de son propre univers et de la mode. Le seul domaine où il satisfait les attentes est le design, mais si c’est pour nous resservir l’idée d’un monde paradisiaque où l’harmonie règne… Ah, ça me coupe l’envie de finir mes


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Mardi : Le Mexicain 

(Gore Verbinski, 2001)

« Thématique : Julia Roberts »*

On peut rire de tout, mais pas avec tout le monde… est-ce la morale de ce dicton qui a fait de ce film un incompris ? Effectivement, ce n’est pas très clair pendant un moment, et l’ambiance s’emmêle un peu les pinceaux entre faux western, romance et drame. Mais en est-ce un – un drame – si le rire n’y rentre pas dans des petites cages ?

Il y a quelque chose d’assez lucky lukesque dans la manière qu’a Gore de nous faire rire du crime et de la mort dans un décor de far west ; c’est insouciant, et ça peut déranger certaines consciences. Mais force est de constater que Pitt, à l’aise dans l’américain supérieur moyen, est aussi très bon quand on le déracine pour le mettre dans un Mexique inhospitalier et diablement photogénique. On y voit la xérophilie de Verbinski s’y développer, mais pas l’engouement des foules pour son style pas encore entâché par l’expérience.

C’est son premier film avec de grands noms au casting, et c’est agréable de le voir se défouler avec liberté dans l’amalgame d’une comédie, d’une romance, d’un drame et d’un conte, entremêlés comme dans un brin d’ADN, comme si tout ce qui nous rend humain s’était mis à bondir d’un style à l’autre sans entraves. Et ça marche vraiment bien : pas de perte de puissance, l’histoire coule toute seule, ne puisant dans des ressources plus reconnaissables (le méchant) que le temps de trouver un meilleur tremplin (l’inattendu, souvent).

Sans accomplir le miracle convenu de la catharsis, gardant ses distances avec la pureté de l’empathie, Le Mexicain est un humain lui aussi, comme si le pistolet s’était approprié l’ADN et le dicton cité cette fois-ci par les dialogues : ce ne sont pas les armes qui tuent. Ou bien Le Mexicain était-il la Christine des armes à feu ? Il a de quoi capter l’attention des défenseurs de styles bien variés. Bien tristement, c’est dans son œcuménisme qu’il surprend, et qu’il surprend négativement. Mais pour qui sait apprécier que la scène suivante ne soit pas visible des kilomètres avant, il y a là un divertissement de taille qui est loin de pécher par médiocrité.


 

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Mercredi : Le Désert des Tartares

(Valerio Zurlini, 1976)

« Thématique : Max von Sydow »*

Fernando Rey, Vittorio Gassmann, Jacques Perrin, Max von Sydow… Un casting très international qui ne laisse pas deviner ce qu’il va se produire en Iran, où l’on utilise pour décor une vraie forteresse détruite en 2003 par un séisme. L’illusion d’une guerre est magique, et d’autant plus surnaturelle que le paysage est purement magnifique, et que l’endroit comme l’époque sont tenus secrets à travers les noms des personnages, encore plus cosmopolites d’apparence que ceux des acteurs.

Cette ambiance est tellement magique, en fait, qu’on ne sait plus si on regarde Fort Saganne ou Dune. La confusion est grave, mais l’est-elle tant que ça lorsqu’on sait que « Tartare » et « Tatare » peuvent être synonymes ? Cette ambiguïté a fait naître des fantasmes sur des traductions prétendument fausses du titre, parce qu’il aurait perdu un R au passage. Mais c’est toute la beauté de la double lecture possible du film : une histoire où l’Autriche-Hongrie serait aux prises avec un ennemi disséminé dans le désert ? Pourquoi pas. Une idée plus ésotérique du scénario ? Libre au spectateur de substituer l’enfer grec à une armée turque.

Ne cherchant pas vraiment à remplir le temps, la création de Zurlini mâchonne les mêmes salamalecs un peu longtemps : la politesse quasi-médiévale qui s’installe entre ses soldats (où d’ailleurs la proportion d’officiers semble démesurée) ne sert qu’à impressionner de la vitesse à laquelle peuvent passer deux heures monotones. Quant à la folie latente qui s’installe pernicieusement sous le déguisement de gradés cachottiers, elle ne va pas bien plus loin que de faire grisonner les têtes.

Tant qu’à montrer l’écoulement du temps, on préférera la hiérarchie qui glisse naturellement et fait évoluer les mentalités, creusant un peu plus l’étonnement causé par cette guerre qui n’en finit pas d’être absente et de pourtant déterminer le destin des militaires. Est-ce normal que Le Désert des Tartares m’évoque à la fois des films si nombreux et éloignés dans leur style ? Fort Saganne et Dune pour le décor, le segment Le Radeau de Creepshow 2 pour les émotions, Star Trek pour la hiérarchie, Star Wars pour l’ambiance… Si c’est là ce que voulait faire Zurlini avec cette œuvre qui est pourtant assez banale dans son traitement, c’est très fort.

Tout ça en tenant à réfuter les codes du giallo, ne touchant à la mort que dans la nécessité (la chasse, l’indiscipline) et tenant à nous titiller en ne montrant jamais ce qui se cache derrière les murs de Bastiano, cette forteresse dont un officier réalise après 18 ans « qu’elle est plus belle de l’intérieur que de l’extérieur ». Comme si elle était La Grande Muraille (qui a fait l’objet d’un film de guerre autrement plus nul), sauf que le combat qui la motive n’en est qu’à ses préparatifs, même à la toute fin, tant et si bien qu’on a l’impression de devoir le vivre en vrai une fois le générique terminé.

Le Désert des Tartares n’en a absolument pas les airs, mais il est presque terrifiant. En quelques images et des propos tenant un peu de la SF rétro (atmosphère qu’on retrouve dans un autre film de von Sydow, New York ne répond plus), il dépasse les genres et offre l’expérience rare de faire perdre pied au cinéphile.


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Jeudi : Mes chers amis 3

(Nanni Loy, 1985)

« Thématique : langue italienne »*

 

Pour ce troisième volet, on a remplacé Monicelli par Loy en place du réalisateur. Mais en fait, ce sont les acteurs qui ont pris la main dessus, perpétuant avec succès l’esprit de la série, mais nous confirmant par la médiocrité de ses idées que les deux premiers films avaient une manière plutôt fine d’être idiots, après tout. Même le trash avait quelque raison de naître dans l’esprit de ses personnages sénescents, mais la subtilité du procédé a cette fois échappé à la réalisation. En fait d’adolescents dans des corps du troisième âge, on a droit à une invention qui a au moins le mérite d’être imaginative : la sénilité juvénile. Une inversion des pôles qui nous vaudra de se rendre à l’un d’eux : le pôle Nord. Mais dans cette poussée d’audace, il faudra s’attendre à un sketch à l’image du reste du film : une idée courte étirée au maximum, où les moyens sont à la mesure de cette neige jaillissant des deux côtés de l’écran. Rien, donc, qui ne compensât la mauvaise idée d’une telle suite, à part de rares idées amusantes et la continuité du concept.


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Vendredi : Quelques jours de la vie d’Oblomov

(Nikita Mikhalkov, 1980)

« Thématique : langue russe »*

Les Soviétiques ne produisaient guère que du большой, du bolchoï, du grand. Même quand ils font du théâtre, il faut que le décor ouvre ses portes et fenêtres, que la profondeur de champ respire, il faut qu’il y ait un espace où les cris des grands émois puissent résonner, raisonnés.

Mais peut-être l’expression a-t-elle cru avoir champ libre tout comme la caméra qui s’égayait en de vivifiants panoramiques. Ce n’était pourtant pas le cas ; surjouant, les acteurs font barrière à la saine interprétation, cherchant à sublimer le discours là où le polir aurait suffi. Mais pas le polir au sens des normes sociales : Mikhalkov ressert le couvert littéraire en abusant non seulement de la voix off – mais les mots en tombent avec tant de facilité que la traduction des sous-titres elle-même peut, à l’occasion, captiver plus que l’image – mais aussi des salons où la délicatesse va des bonnes manières à la maîtrise du français.

Et, refusant de se laisser embrigader par cette routine, le film se résume hélas à son titre : quelques journées, des extraits choisis d’un quotidien ennuyeux dont on a émoussé l’inintérêt de la façon arbitraire qu’ont les romans de le faire. La conséquence en est fâcheuse : voulant se faire le témoin du tournant d’une vie, le film déçoit par sa longueur, ses apartées sont intempestives, et le principe de sa lecture idéale est flouté. En effet, c’est un long roman mais aussi un long poème ; malheureusement, si l’un est malmené pour les raisons qu’on a dites, le second souffre que ses émotions se cachent derrière des lignes trop imbibées de convenance et de discrétion, laissant au rêve la place d’un interlude se voulant emphatique, mais qui ne sert en fait qu’à l’exutoire d’une monotonie trop grande.

Pour avoir admiré la technique de Mikhalkov dans son précédent film « Cinq soirées« , je ne suis pas l’ennemi de la lenteur ou de l’abscons. Et il n’a heureusement pas abandonné la technique : les contrastes lumineux, la scène finale et son élévation miraculeuse, le sporadisme de la caméra au poing et l’arrière-plan témoignent du soin qu’il y attache. Mais il a à mon avis trop joué sur ses limites.


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Samedi : Rock Forever

(Adam Shankman, 2012)

« Thématique : film musical »*

J’avais vu Rock of Ages il y a quelques années, et il était devenu mon symbole de la comédie musicale. Revu ainsi en 2019, il n’a pas démérité de ses qualités principales, mais le reste…

Il est vrai qu’apprendre que Zeta-Jones, Cruise et Baldwin chantent fait ressembler le film à une tentative de forçage du renouveau. Avec ses petits succès (Cruise est géant) et ses petites erreurs (Baldwin et Giamatti n’ont pas de voix), on a envie de lever le doigt pour accuser Rock of Ages d’être une compilation de reprises par des grands noms qui débarquent dans la musique comme un champ de fleurs.

Car le grief que l’on note d’entrée, c’est que la formule « comédie musicale » fonctionne bien parce que les ponts menant d’une séquence à une autre sont joués en accéléré : fraîchement débarquée à Hollywood, le personnage de Julianne Hough est démasqué d’entrée : la jeune fille pleine d’espoirs de gloire venant flatter sa chance à Los Angeles… On connaît l’histoire. La « perspicacité » de Baldwin augmente la vapeur et nous fait comprendre que les développements sentimentaux se feront par la musique, et par la musique seulement.

Par contre, la musique est si bonne – oui, je sais, ce sont des reprises – que l’on oublierait presque de se montrer critique. On est momentanément aveuglé par un brouillard d’oxyde de charisme américanisé, un mélange vaporeux et électrisant… qui serait répréhensible s’il était mal rendu, mais il y a les acteurs pour apporter de la puissance un peu partout : Cruise et Giamatti surtout sont ceux qui vont alimenter la machine. Le résultat, c’est la curiosité bien méritée qu’a récoltée Rock of Ages, une pierre jetée dans l’eau devenue calme d’une « ère du rock » révolue, et dont les cercles de l’onde semblent curieusement s’entrecroiser plutôt que de se suivre : le monde de la ville, la dimension du bar, l’univers émotionnel, l’antagonisme…

Bon, hélas, tout se referme comme Edge City sur The Mask, souffrant de voir ses limites trop clairement définies. Il y a trop de critiques faciles à faire sur les comédies musicales. C’est un genre damné où le rapprochement des disciplines se fait rarement en douceur, et Rock of Ages tombe dans le panneau. Mais c’est aussi un genre où les concessions sont quasiment prédéterminées ; j’avais vu, et je continue de voir dans le film la conception d’une grandeur rarement atteinte par ses semblables, une expérimentation certes trop alléchante, mais le contenant aussi d’un charme indéniable.


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Dimanche : Harragas 

(Merzak Allouache, 2010)

« Thématique : langues du monde »*

Faire un bon film, cela passe parfois par des voies détournées. En témoigne Harragas, primé à juste titre pour son humanité tranchante qui fait appel aux pires sentiments humains pour nous rattacher à l’outre-Méditerranée. La mise en images de ces Algériens voulant traverser la mer à tout prix est belle et juste, sans chercher à parler « à ceux qui ne comprennent pas ». La voix off donne une agréable mesure, faisant aller l’histoire de l’avant quoique ses personnages, qu’on sait par trop réels, ne partagent pas souvent ce sort.

Mais les voies détournées dont je parlais sont cahoteuses, et l’œuvre trahit bêtement des points où elle s’adapte, quand bien même elle était naturelle dans ses lignes les plus importantes. Tout d’abord et c’est dommage, les acteurs jouent mal, sourtout quand ils parlent français. Mais ils ne sont pas aidés puisque leurs personnages sont axés avant tout sur un trait de caractère grossier qui permet de les identifier – grand mal leur prend – au premier regard et d’un seul mot : le beau gosse, le patibulaire, la fille qui obtient ce qu’elle a décidé… À la fin, même la fadeur de caractère paraît avoir été calculée, à la manière de ces éléments culturels disséminés comme des paroles subliminales afin de nous éclairer sur le rapport de l’Algérie au beurre français, aux séries égyptiennes et au made in Taiwan. Dans tous les cas, ça ne part évidemment pas d’une intention de détournement, mais le résultat n’est-il pas le même ?

Les Harragas sont un phénomène de société, et le film est un cri de désespoir si sincère qu’on ne peut rechigner sur sa volonté de bien faire. Mais je n’ai pas su me contenter de la bienveillante neutralité qui l’habite ; quelque part, j’ai eu le sentiment que le film préférait se noyer à combattre pour s’en sortir. L’altruisme d’Allouache veut-il qu’il se sacrifie au plus profond de l’imploration ?


* Les barèmes montrent le ressenti et l’appréciation critique. Entre guillemets est indiquée la thématique.  Plus de détails ici.

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princecranoir

J’avoue, je n’ai pas tout lu (I’ll be back Comme dirait l’autre) car j’ai bloqué sur Valerian. Si je suis globalement d’accord sur la faillite visuelle et scenaristique de cette adaptation, une phrase me reste en travers : on croirait lire une BD… Je m’inscris en faux, et la simple lecture d’un album de Valerian fait s’effondrer l’affirmation.

Eowyn Cwper

Une précision manque peut-être ; je n’ai pas eu l’impression de lire une BD de Valérian (je n’en ai pas lu, en fait) mais une BD au sens large, parce que le montage et le graphisme me semblaient faits pour en rappeler le format.

Je ne t’en voudrais pas de ne pas tout lire de toute manière, c’est le principe du cinébdo (en plus, celui-ci est beaucoup trop grand).

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