Suite à réapprovisionnement en médiathèque, une semaine hors-thématique plus un film de Noël. Eh bien oui, avec une semaine de décalage ça fait bizarre, désolé.
Le lundi, j’ai foui…
Iznogoud
Un rafraîchissement très français qui concilie avec énergie la BD aux comédies de chez nous. Excellemment réalisé, on sent que l’accent a été mis sur l’arrière-plan et les costumes, et les effets spéciaux savent rester discrets et à-propos. Mais le rythme est de loin trop rapide, les rebondissements hasardeux et le jeux de mots faciles, sans compter que le jeu de Michaël Youn se restreint un peu trop à ses cris et grimaces. Pleine de potentiel, une oeuvre mal équilibrée qui aurait gagné à être faite du temps où Louis de Funès était prévu dans le rôle-titre (il fut annulé par la mort de l’interprète, et une malheureuse coïncidence voudra que Jacques Villeret décède peu avant la sortie de la création finale).
Le mardi, j’ai foui…
Gabriel
On peut raisonnablement craindre de ce film qu’il tombe dans les tares des toutes petites productions (du genre de celles qu’on a faites avec 120 000 $, si vous voyez ce que je veux dire). Mais loin de là, Gabriel laisse une plus petite place à l’action qu’attendu, les maquillages sont plus que corrects, l’interprétation décente et le scénario aussi. Tous les pièges classiques sont évités par des sortes de « périphrases filmiques », des pirouettes astucieuses qui, l’air de rien, construisent l’ambiance du Purgatoire avec pas beaucoup plus qu’un simple traitement photographique de l’image (qui n’apparaît par ailleurs pas du tout tape-à-l’oeil malgré le contexte). L’aspect cheap ne se ressent au final que dans le vague parfum des films indépendants, ce qui est une impression beaucoup plus positive que « petite production ». Un grand bravo à la régie.
Le mercredi, j’ai foui…
René
Très difficile de rentrer dans ce film qui relate une tranche de vie, sans début ni fin ni même histoire. Tout est médiocre d’apparence, et pourtant…on a la surprise de ne jamais s’ennuyer, et les acteurs sont particulièrement bons…pour être, simplement. Mais absolument pas distrayant et au global de peu d’intérêt.
Le jeudi, j’ai foui…
Dupont Lajoie
Une oeuvre traditionnelle des comédies françaises, où le drame se joue en parallèle d’une histoire qui peut faire rire sans gêne en ne manquant pourtant pas de placer sa critique de la société. Un casting d’exception (avec Marielle quasi-figuratif mais génial) dose à la perfection des passages d’une gravité rare, autour d’une intrigue très bien construite sur des questionnements racistes datés. Grinçant, à ne pas risquer si on préfère les films qui choisissent leur style.
Le vendredi, j’ai foui…
Room
Ce film nous plonge de bout en bout dans un univers où les sentiments sont authentiques et dont il serait inconcevable de mettre la crédibilité en cause. Le spectateur est rendu témoin sans répit d’une histoire où tout tourne mal et d’où pourtant jaillit la beauté de l’instant. Le scénario pense à tout, fait du détail son credo tout en écartant gentiment la séduisante possibilité du plus minuscule écart grand public à son intrigue ; il va même (et on doit ça à l’auteur du livre tant qu’au scénariste) jusqu’à parler de l’après, là où une autre oeuvre aurait déjà placé un happy end (la fin de Room n’en est pas tout à fait un et hérite de ce tour de passe-passe une subtilité dantesque). Horrible et magnifique, l’oeuvre lancine à la lisière de la société en offrant des visions tellement matérialistes de l’espoir n’importe où et n’importe quand. Un portrait d’une vraie justice qui permet de se réjouir et de pleurer avec des personnages déchirants superbement interprétés par des acteurs qui prennent tout au sérieux.
Le samedi, j’ai foui…
Y'aura t'il de la neige à Noël ?
Le décor est planté avec célérité, si bien qu’il faut plutôt être vif d’esprit pour ne pas perdre le fil au début. Un couple et leurs sept enfants travaillent à la ferme, mais leur père autoritaire chasse l’harmonie familiale. Très bien. L’histoire avance, rebondit de façon fort intéressante sur des thèmes sans trop d’originalité comme l’école et l’enfance, et les petits acteurs ne sont pas en reste pour abattre leur part de labeur. L’histoire avance donc et se dirige sur…ah bah, rien, en fait. D’une façon assez déplorable, l’intrigue riche et plaisante qui s’était construite et qui pouvait déboucher sur à peu près n’importe quoi (les possibilités étaient vraiment rendues larges) n’est pas exploitée car la réalisatrice a fait le choix de ne pas faire de conclusion. Respectable puisque le tout est réussi, mais plutôt étrange.
Le dimanche, j’ai foui…
Mariage compliqué
Une perle du cinéma américain, un chef-d’oeuvre tant du point de vue des dialogues que du jeu d’acteurs ou du scénario. C’est une comédie qui condense ses passages humoristiques dans des scènes très courtes et discrètes, attention donc à ne pas s’attendre à un désopilant vaudeville. Le propos y est plus intellectuel, et la matière qui n’est pas utilisée pour entretenir une intrigue sentimentale et datée est employée à la construction d’un comique de situation à peine encombrant, où les personnages vivent des moments profonds de mal-être transmis sans malaise au spectateur bienheureusement captif. Les rebondissements sont un peu extrêmes mais c’est le seul débordement d’un résultat complet et touchant.