Le lundi, j’ai foui…
La Vierge du Rhin
Jean Gabin – Ce film, on le croirait fait de deux fois sa matière. En clair : la première partie est une mise en place maladroite d’un scénario resté trop littéraire, auquel le spectateur est introduit par une voix off encombrante qui ampute certaines scènes de leur sens logique. Une fois arrivée à son milieu, l’histoire prend un virage à 180° matérialisé par un coup de théâtre (un meurtre) curieusement placé. On dirait que l’étrangeté de son positionnement n’a pas été réfléchi plus loin que dans son idée-même. Heureusement qu’à partir de là, tout devient soudain intéressant, comme si trois quarts d’heure avaient été employés comme un prélude raté à une belle idée. Ce qui permet de ne pas décrocher complètement, c’est le jeu des actrices (oui, féminines) beaucoup plus passionnant que la comédie des hommes.
Le mardi, j’ai foui…
Le Terminal
Steven Spielberg – Un essai et une réussite flamboyante de Spielberg dans le style comique. Des running gags haletants, un comique de circonstances désopilant et des situations jubilatoires d’incompréhension entre une bureaucratie tenue pieds et poings liés par ses propres règles et un Tom Hanks génial dans le rôle d’un russe ! Ou plutôt un « krakosien », puisque le pays dont il est originaire n’existe pas plus qu’un russe aussi mal baragouiné que lorsqu’il le parle !
Malheureusement (car oui, tout cela faisait partie d’un tout relativement drôle), ces comédies effrénées rencontrent un moment où l’histoire perd en rythme et où on regrette qu’elle s’attarde sur des péri-scènes pourtant nécessaires pour faire une oeuvre avec autant de fond que de forme. Et ce passage de flottement survient ici lorsque le scénario s’abandonne au romantisme. Une piste curieusement délaissée qui ne laisse au final que la trace d’une amitié un peu fougueuse : un traitement unique de la part d’un cinéma américain qu’on connait conventionnel, comme une « poubelle scénaristique » pour remplir les trous d’une façon qui n’ennuie pas, avec des éléments périphériques intéressants mais éphémères.
Un défaut néanmoins : le moment où l’homme qu’on peut assimiler comme le « méchant » arrive à son inévitable renonciation, c’est fade, c’est flop, il parait juste passif devant des conditions qui ne le dépassent pourtant pas plus que dans le reste du film. Mais en général un excellent film familial où le rire est amplement présent.
Le mercredi, j’ai foui…
Dolores Claiborne
Film tiré d’une oeuvre de Stephen King – C’est drôle qu’une forme d’expression si noire et sinistre, telle que ce film a choisie, se révèle pleine de vérité comme peu d’œuvres du même genre. La vérité, parlons-en : elle nous est présentée clairement, par épisodes de durée variable et positionnés assez bizarrement dans l’histoire. Mais le scénario est tellement bien organisé (tout le secret est là) que tant ses passages révélateurs que les détails dont le film fourmille sont et demeurent clairs, nets, précis. Une adaptation travaillée et une réalisation soignée qui ne laisse pas de place aux plus petites erreurs.
Le jeudi, j’ai foui…
L'Idiot
Mini-thématique spécifique – Ce film était prévu pour durer trois heures. Dans les faits, il dure la moitié de ce temps : la première partie d’une longue oeuvre qui n’a jamais complètement vu le jour. Au-delà de la frustration de voir ainsi amputé d’un si gros morceau, la mise en scène est clairement pauvre. Quant au jeu d’acteurs, il retranscrit mieux le roman russe lorsque ce ne sont pas les Russes eux-mêmes qui, comme ici, en font un film. Les acteurs forment là une troupe maladive et criarde qui semble plutôt exprimer leur mécontentement à la vue de leur chèque que leurs sentiments tels que préconisés dans le script.
Le vendredi, j’ai foui…
Un Coup de tonnerre
Méprisable. Le film s’exhibe dans ses excès les plus moches d’une représentation ultra-technologique ratée. Les scientifiques apparemment omniscients rythment un scénario bancal de leurs péremptoires rapports de force avec une bureaucratie sans queue ni tête. Les effets visuels hideux seraient drôles si le budget n’allait pas jusqu’à s’offrir Ben Kingsley. Aucun effort n’est fait pour crédibiliser l’entremêlement de ces ratures graphiques dans un univers dont on ne peut même pas apprécier la dimension suggérée. Pour résumer l’histoire, elle est assez stupide pour que les personnages trouvent plus raisonnable de sauter du septième étage d’un immeuble que d’affronter une meute d’insectes dont les grouillements font penser à du papier journal qu’on égorge.
Le samedi, j’ai foui…
Les Hommes préfèrent les blondes
Film musical – Voici que les films de Broadway nous proposent une surprise aux facettes aussi multiples que celles d’un…diamant ! D’abord Marilyn Monroe en tant que co-star, un rôle qu’elle partage avec Jane Russell. A elles deux, elles incarnent deux excellentes amies que la personnalité oppose pourtant. Un paradoxe superbement mis en valeur. Tant que les intrigues sont mises en scène d’une façon un peu expéditive, elles concoctent un génial mélange où la musique vient s’immiscer par touches peut-être un peu trop rares, mais sur des thèmes qui eux aussi ont le temps de surprendre : à ce stade, le Technicolor en 1953 est aussi inattendu qu’une chorégraphie rassemblant des athlètes aux sous-vêtements couleur chair !
Le dimanche, j’ai foui…
Stella femme libre
Film en langue grecque – Une représentation méridionale qu’on a l’impression de voir en couleurs malgré le noir et blanc ! Le pétillement d’une femme libre, dont l’attrait est pourtant absent du caractère, place le personnage au cœur d’une oeuvre néanmoins soporifique que vient bercer le son monotone des bouzoukis. Une énergie paresseuse pulse qui ampute un peu le scénario de l’ennui qu’il génère.