Le lundi, j’ai foui…
Chut, chut, chère Charlotte
Un des derniers films de sa génération, qui se verra bientôt remplacée par le nouveau cinéma américain. C’est même étonnant qu’en 1964, il ne soit touché par aucun aspect moderne, que ce soit par la couleur, la musique ou le jeu d’acteurs. Le thème est par contre étonnant et efficace, même s’il implique que les acteurs surjouent un peu et hurlent pas mal. Le rythme en souffre et les dédales scénaristiques conduisent à des répétitions ennuyeuses. Heureusement que l’oeuvre a pour gros point fort de faire bouger les vieux standards : la tentative de faire un film d’horreur est timide mais le ton est désopilant de gros mots et de formulations franches. Finalement, il a bien dû déménager à l’époque…
Le mardi, j’ai foui…
Envoyez les violons
Indéniablement touchant et drôle, ce film a bizarrement le désavantage de son titre qui suggère des péripéties plutôt tristes et sous-entendent que l’oeuvre sera piètre (« envoyez les violons », c’est clairement péjoratif et on n’y voit en effet pas d’autre cible que le film en lui-même qui s’autoflagellerait alors dans une modestie excessive). Mais la prestation est plus que valable, autant du côté des acteurs qui savent nous toucher sans pourtant faire grand chose ni sombrer dans des gestuelles ridicules, que du côté scénario qui ne piétine pas comme les comédies ne trouvant pas d’issue à leurs propres dédales humoristiques stériles. Sans période de flottement, un rythme assuré qui promet un bon moment de distraction.
Le mercredi, j’ai foui…
Au-delà de nos Rêves
Le jeudi, j’ai foui…
Évolution
C’est une hésitation beaucoup trop forte entre une comédie volontairement bas-de-gamme, débile et dégueulasse à souhait, et un bon film scientifique qui caractérise et fait dépérir cette oeuvre.
Le « gentil gore » est bien présent avec ses multiples matières organiques gluantes et colorées qui giclent de partout, mais son dosage ne convainc pas (le dosage du gore, pas des fluides précités).
Et il devient en effet extrêmement frustrant que les personnages éminemment scientifiques dans un premier temps sombrent ensuite dans cette infecte bouillie scénaristique. Mais on sait bien que la Science dans ce film a été inventée de toute pièce (le tableau périodique des éléments lui-même a été modifié).
Ça commence bien, ça finit mal, alors qu’il y avait des moyens à mettre ailleurs que dans les effets visuels (un point pour avoir vu grand). Il y a quand même un certain côté « cool », que vient un peu renforcer la musique, mais le scénario n’a plus aucune classe dès qu’il devient sérieux.
Bref, Duchovny aurait mieux fait d’aller tourner Star Wars comme on le lui avait proposé à l’époque. Et Julianne Moore ? Elle n’a rien à faire là ; l’idée d’ajouter la maladresse à son propre personnage, elle l’a sûrement eue pour faire passer le temps sur le tournage.
Le vendredi, j’ai foui…
La Poussière du temps
Quel dommage que le traitement cache la perle artistique au sein de ce film. Tout est art, et tout est gâché par la confusion du scénario, par la succession de tous ces personnages, tantôt portraits, tantôt foules en mouvement, qui ne se ressemblent pas et pourtant sont les mêmes…Un esthétisme mal manipulé, une beauté qui sert de masque à sa propre réussite.
Le samedi, j’ai foui…
Or noir
La première coproduction internationale majeure du Qatar au cinéma est signée Jean-Jacques Annaud ; elle parle du monde arabe et parle anglais. C’est un bienfait de le voir ainsi épuré de tout racisme dans une ère actuelle qui est à cause de cela irrespirable.
D’un objectivisme foudroyant, le décor est planté dans le désert d’Arabie où sultans et émirs violent les traités qui les unissaient par avidité pour l’or noir. Une cruelle ironie de voir que les chamailles (ce n’est pas le féminin pluriel de chameau) sans utilité sur un lopin de sable prenaient finalement fin dans les larmes, avant de se voir justifiées ensuite par le puant liquide sombre.
Les intérêts dans ces conflits sont implacables, même si le pertinent rappel comme quoi le Coran prône plus la paix que la guerre est promptement placé (un peu trop voyant d’ailleurs). Mais c’est un beau film, où les couleurs du désert sont utilisées comme des thèmes : bleu, ocre, jaune, de toutes les nuances les plus étranges, bien que la recherche de renouveau dans ces paysages répétitifs tourne un peu en rond.
Le dimanche, j’ai foui…
L'École buissonnière
L’innovation est l’élément qui a volontairement été rendu marquant dans ce film. Un humour novateur, des idées novatrices, une morale inattendue transcrits par des acteurs qui étaient encore les piliers du cinéma d’antan, et par une mise en scène dont on peut rire (a posteriori donc subjectivement) du minimalisme. Un Bernard Blier encore jeune vient prôner une nouvelle éducation dans un village provençal ancré dans ses coutumes. Il n’est pourtant pas rare qu’un si vieux film surprenne le public contemporain par les libertés qu’il prend, mais cette oeuvre en particulier peut faire rire du fait que les nouvelles méthodes qu’il propose…sont plus que dépassées aujourd’hui !