Le lundi, j’ai foui…
Le mardi, j’ai foui…
Il faut sauver le soldat Ryan
Steven Spielberg – Non. Je n’ai tout simplement pas vu ce film où le talent du réalisateur dépasse de loin tout ce que l’Homme peut rêver de pouvoir faire dans l’avenir.
Je n’ai pas vu ce film où le souci du détail est tel qu’on se demande quelles réflexions ont pu décider de son utilité, où les coins de l’image abritent toujours une perle graphique si inattendue et précise qu’elle en choque.
Je n’ai pas vu ce film dont le casting semble rassembler les personnalités les plus importantes des films les plus marquants des années 1990, entre La Ligne Verte en 1999 (qui reprendra Barry Pepper et Tom Hanks) et même Alerte en 1995 (qui comptait dans les rangs des acteurs un ancien militaire reconverti avec brio au cinéma, Dale Dye).
Je ne l’ai pas vu car Steven Spielberg n’a pas pu révéler un grand nom du cinéma pour la ixième fois en la personne de Vin Diesel.
Je ne l’ai pas vu car son budget aurait été ô combien trop abracadabrant.
Je n’ai pas pu voir ce film où la guerre est là, tout le temps, car le tournage aurait nécessité une patience et une minutie infinies ; pire, le tournage aurait lui-même été un combat à mener à chaque seconde.
Je n’ai pas vu ce film pour une bonne raison : il n’existe pas. Une telle réussite, on ne verra pas ça arriver sur Terre avant de long siècles, et quand cela arrivera, il faudra que je le qualifie définitivement de meilleur film de guerre de l’histoire, devant le diptyque de Clint Eastwood Lettres d’Iwo Jima / Mémoires de nos pères.
Le mercredi, j’ai foui…
La Part des ténèbres
Film tiré d’une oeuvre de Stephen King – Ce film prend un bon départ et donne de bonnes impressions. Savoir Romero aux commandes ne promet pas forcément la continuité de cet ensemble, et hélas la débâcle va en effet se confirmer. C’est dans les dernières scènes que les effets spéciaux s’avèrent plus que médiocres, alors que les oiseaux jusque là réels rendaient leur « dressage » convaincant. Et on se rend compte aussi à quel point le scénario fonce tête baissée dans son objectif, au détriment des gags et des explications qui sont bâclées (on croit trop longtemps que Beaumont est tout simplement schizophrène, pour ceux qui voient de quoi je parle). Et une fois que le gros de l’histoire est traité, la régie s’est comme retrouvée désemparée et le film peine à se frayer un chemin cohérent vers une fin plaisante. Bref : on ne sait pas où est passé le budget (15 millions de dollars) ni ce que les récompenses que l’oeuvre a reçu trouvent à vanter.
Le jeudi, j’ai foui…
L'Idiot
Mini-thématique spécifique – Ce film se place à l’opposé de tout ce qu’on connait, et de tout ce qu’on pouvait attendre d’un film français de 1946. Non seulement il choisit le point de vue russe jusqu’à glisser des textes en cyrillique, mais il adopte tout ce qui va avec : matriarcat, orthodoxie, iconolâtrie…On comprend que sa diffusion ait été pauvre dans le petit monde catholique français d’après-guerre. Il fait même proférer des gros mots à ses personnages hauts en couleur, aux traits de caractère forts et précis : deux et deux font quatre, comme dit le général !
Le vendredi, j’ai foui…
Le Mariage de Maria Braun
Film en langue allemande – Fassbinder se place dans la lignée du nouveau cinéma allemand et sort une oeuvre plus intelligente encore que ce dont on le savait capable. Il recherche des implications jusque dans la Seconde Guerre mondiale tant regrettée par les Allemands à l’époque, sortant un sujet délicat des vieux cartons tabous. Il est tellement bourré de sous-entendus que pour une fois, la quantité l’emporte sur la qualité : on ne peut pas tous les saisir au vol et ce qu’on arrive à comprendre est déjà très beau.
Le samedi, j’ai foui…
La Danseuse des Folies Ziegfeld
Film musical – Une vieille comédie musicale américaine comme tant d’autres, où tout l’art consiste à manier avec la même adresse scénario et spectacle. Problème : la montée en puissance artistique ne prend pas, et l’aspect musical est pour ainsi dire absent, ce qui sied évidemment peu au genre.
Le dimanche, j’ai foui…
La Planète des singes : l'Affrontement
Une suite de trop sous bien des aspects. Déjà, elle reprend la grosse erreur du précédent film de faire parler les singes, bien que le côté pratique soit excusable au cinéma par l’impossibilité de les faire communiquer en langage des signes tout le temps. Mais les personnages eux-mêmes s’insurgent à cette idée (« quoi ?! Des singes qui parlent ?! ») mais aucune justification, fusse-t-elle pseudo-scientifique, n’est donnée.
Il y a ensuite l’erreur des effets graphiques et des décors beaucoup trop présents, dont on est d’abord assommé (ils sont bien faits remarque, mais comment le nier ?) alors qu’ils auraient largement pu être utilisés pour détailler l’aspect post-apocalyptique, au lieu de quoi ils sont exploités dans l’élaboration ultime de l’essence transcendantale au cœur du film : L’AFFRONTEMENT. Un sujet pacifique et serein pour conclure la franchise « Planète des singes » avec calme et harmonie.
Toute ironie mise à part, il y a aussi du bâclage dans l’air à de nombreuses occasions. Ici, m’expliquer comment une opération chirurgicale à moitié artisanale peut remettre sur pied un singe vidé de son sang en deux jours trois mouvements. Un morceau de scénario aux extrémités usées, tout sauf satisfaisant.