Lundi
Farrebique
Vieux film français, oui : c’en est un. Mais il faut oublier tout ce qu’on pense en savoir, car Farrebique est l’un des rares, sinon le seul, film paysan avec un profond but documentaire. On pourrait s’attendre à plein de façons de l’avoir raté, allant du surplus de l’aspect documentaire, justement, jusqu’à l’excès inverse. Mais avec des acteurs amateur et un milieu fermier authentique, il déroule une très belle histoire, remplie de poésie humaine et naturelle. Le texte d’introduction vante le tournage sur une année, mais il y a vraiment de quoi car des scènes sont exploitées, recyclées jusqu’à en faire une magnifique mosaïque où chaque petite image représente un animal, un homme, une plante…le tout accompagné de plans accélérés chiadés et inhabituels pour l’époque. Un étonnant mélange dont le patois témoigne : merci aux sous-titres français !
Mardi
Biquefarre
Voici la suite, 38 ans après, de Farrebique. On change de registre, fini l’aspect documentaire. C’est cette fois une affaire d’argent qui conclura l’histoire de la ferme. Une affaire qui prend d’ailleurs beaucoup trop de place dans l’intrigue et gâche un peu le plaisir. Un autre aspect marquant fascine et lasse à la fois : dans l’ambiance étrange que cette réalisation familiale génère, naît un côté bon enfant : excessif, mais plaisant. Certains drames vont casser cette atmosphère, mais seulement pour la remplacer par un contexte confit d’honnêteté, de compréhension, de gentillesse etc…Excessif…mais plaisant ! On peut reconnaître le talent du réalisateur d’avoir créé ce sentiment bisounoursien qui est, du moins sur le papier, complètement malvenu dans le milieu paysan.
Mercredi
La Créature du cimetière
On reste dans le domaine de la très minimaliste production à partir de petites histoires de Stephen King, un type de films commerciaux né avec l’écrivain mais qui n’a pas évolué avec lui. En connaissance de ces critères très réducteurs, il peut y avoir des œuvres nettement pires. Les décors fascinent, l’ambiance est prenante même si on regrette que le lien entre les rats et le monstre reste flou. Les moyens sont mis sur les cascades et le tout concilie agréablement la routine des petites cités américaines au côté horrifique – un mélange très kingien pour une fois réussi.
Jeudi
La Femme et le Pantin
Il est un élément de ce film que même le critique ne peut contourner : Marlene Dietrich. Elle est le catalyseur de sa propre odiosité, un aimant à toutes les attentions tellement crédible dans la haine. Avant de se focaliser sur elle, on a juste le temps de noter les scènes riches en accessoires mais ce n’est qu’une courte introduction. Bientôt, elle fait le film, elle est le film. Et c’est rapidement agaçant.
Vendredi
La Roulette chinoise
Un retour de Fassbinder aux sources artistiques, bien qu’on l’y reconnaisse encore aisément. Il a trouvé un beau terrain de jeu, un château qui s’avère parfait pour placer ses petits caprices de régisseur et une intrigue amoureuse un peu shakespearienne mais en tout cas saine (ce qui est beaucoup lui demander). La piste est intéressante et bien explorée jusqu’à ce que le scénario implique un jeu – la roulette chinoise – sorti de nulle part et qui ne rime à rien. Mais si c’est le prétexte choisi pour exprimer cet art étrange où le réalisateur a innové avec les nombreux plans tournants et la bonne musique de fond qu’il emploie, on peut passer outre. Et quoi qu’on en dise, Fassbinder est un homme de cinéma et il sait y faire. Même avec peu.
Samedi
La petite Boutique des Horreurs
Une refonte méritante et un rattrapage bien contrôlé de l’idée pourtant désastreusement mise en scène à l’origine, du temps de Roger Corman. La musique et le côté absolument déjanté sont deux excuses à la réutilisation de l’idée originelle, qui dans sa nouvelle version fait tout de même très kitsch. Mais il est difficile de ne pas être séduit par les moyens d’animation, qui compensent l’art musical un tantinet pauvre.
Dimanche
H2G2 : le Guide du voyageur galactique