Lundi
Un brave Garçon
Un film qui est une grosse surprise : russe et plus ou moins polyglotte, réalisé en 1943. Un contexte qui ne saurait tromper même les moins férus d’histoire : sans moyens, ce film d’une heure est à l’image de sa durée : petit. Et bien non ! Curieusement, c’est dans le scénario – et dans le scénario seulement – que l’oeuvre montre sa faiblesse, puisque l’histoire tourne autour d’un personnage français, qui passe pour avoir le génie des langues (il parle allemand et apprend le russe à une vitesse phénoménale), incarné par un acteur qui ne parle même pas la langue française. Très pauvre donc, conforme à de ce qu’on pouvait en attendre, mais tout au contraire pourtant des scènes de voltige aérienne qui, même quand elles sont truquées, sont techniquement admirables ; par ailleurs, quelles que soient leurs bombes, elles cassent vraiment des arbres ! Avec sa petite dose d’humour, c’est un film qui fait sourire car il montre un groupe de fous qui s’amusèrent en pleine guerre mondiale, au risque (comme c’est arrivé) de se faire censurer.
Mardi
Indiana Jones et le Temple maudit
Dans l’idée déjà, cette suite partait très mal : quand on voit la proportion d’acteurs conservés d’opus en opus par rapport au tout premier (c’est-à-dire une grossière moitié dans le troisième épisode et l’autre grossière moitié dans le quatrième, mais aucun dans le deuxième), on ne peut que se demander comment le Temple maudit se sort de l’inextricable labyrinthe dans lequel s’engagent les suites de trop. Et si cette non conformité aux acteurs d’origine bousille tout l’esprit de la série, ce film ne s’en sort justement pas si mal. Il tombe toujours dans les travers du cri Wilhelm et d’un scénario abracadabrant (pour ne citer que le petit avion qui peut traverser la moitié de la Chine d’un seul tenant), mais *juron* que c’est bien fait. Cette oeuvre est une bague en toc dans un écrin de velours, un raté, une erreur qui est irréprochablement justifiée au spectateur par une réalisation sublime et sans bavure, avec une grande maîtrise de l’image…du Spielberg dans toute sa splendeur. Dommage que l’impression d’arnaque persiste…
Mercredi
Maximum Overdrive
Quand De Laurentiis donne des sous à Stephen King pour qu’il fasse mumuse avec les caméras…Bon, ça ne démarrait pas si mal, l’humour était bon et les plans jouaient astucieusement à cache-cache avec le logo d’AC/DC sur le flanc d’un camion. Mais hélas, le film a eu tôt fait de s’enfermer dans une histoire qui tenait en deux lignes sur le script, où une poignée de bons citoyens américains se transforme en commando invincible pour survivre à des machines dont l’intelligence soudainement acquise n’est justifiée que par un texte d’introduction et un texte de conclusion qui ne raccroche pas les wagons. Ces intertitres donnent même l’impression que le film n’est qu’un chapitre filmé d’un livre plus grand. Ayant acheté un album d’AC/DC, la production n’hésite pas à nous le diffuser continuellement, encombrant tellement la bande-son qu’on n’entend même plus les éléments sonores les plus intéressants. Cris, moteurs, giclements de sang, os brisés par exemple. Un peu moins pauvre graphiquement, on peut reconnaître le beau budget destruction qu’il a réussi à décrocher (et qui explique peut-être aussi que les neuf millions de dollars de budget n’aient pas été amortis). Au final, on est quand même bien content que Stephen King se soit remis à l’écriture.
Jeudi
Le Don paisible (2)
Je ferai la critique de ce film en trois parties quand j’aurai vu la troisième.
Vendredi
L'Homme de la Manche
Si le film fait preuve, au début, d’un fort manque de caractère et qu’on a du mal à garder les yeux sur l’écran, on se prend vite au jeu de scène où les acteurs incarnent des acteurs de théâtre, dont Cervantès, eux-mêmes incarnant les personnages du roman. Cette ellipse permet de vivre Don Quichotte en quelques actes théâtraux, sans souci d’adaptation massacrante. Le tout donne une ambiance à moitié amateur, entre deux époques, qui surprend à utiliser le générique de fin (on n’est qu’en 1972) mais au final très agréable.
Samedi
Un Américain à Paris
Il aurait fallu rappeler à monsieur Gene Kelly que, si on compare un film à une phrase où l’art consiste à bien formuler et ponctuer, alors les intermèdes musicaux sont des passages entre parenthèses pour changer la monotonie dans le cours du récit. Dans ce film, la chorégraphie est tellement envahissante qu’elle donne l’impression que la parenthèse n’a pas été fermée. Résultat : la fin arrive trop vite, ce qui est dommage car tout tenait le spectateur en haleine, si bien qu’il s’attend à un final romantique et périlleux, grandiose et digne du Bollywood moderne. Tout est gâché par cette trop longue démonstration des talents chorégraphiques pourtant indéniables de Gene Kelly, où toute la beauté de l’histoire fane avec le temps et fait disparaître le loisir de l’attente. Mais si on en oublie que le film était film, il ne faut pas pour autant oublier que l’art y était présent partout, du thème à la mise en scène, le tout accompagné d’une version franco-américaine pittoresque de Paris…en couleurs en 1951 !
Dimanche