Le latin avait des déclinaisons, mais ses descendants (les langues romanes) les ont perdues. Quelle est l’histoire derrière cette érosion ?
Sommaire :
Dans les grandes lignes
Le latin, avait sept cas grammaticaux :
- nominatif (cas du sujet),
- vocatif (cas de l’interpellation),
- accusatif (cas du complément d’objet direct),
- génitif (cas de la possession),
- datif (cas du complément d’objet indirect),
- ablatif (cas de la provenance)
- et locatif (cas de la location).
Ils étaient marqués par des déclinaisons de plusieurs types (première déclinaison, deuxième déclinaison etc.). Les langues romanes (portugais, espagnol, français, italien et roumain pour les principales), qui descendent du latin, ont vu la simplification de leur système de déclinaisons au profit d’autres stratégies (notamment les prépositions).
Ainsi, toutes les langues romanes se sont débarrassées de leurs déclinaisons nominales et adjectivales à l’exception du roumain, qui a conservé l’accusatif, le génitif, le datif et une partie du vocatif. Mais les déclinaisons ayant une utilité, elles ont dû être remplacées : ainsi qu’on l’a déjà dit, le français (comme le reste des langues romanes occidentales) leur a entièrement substitué des prépositions (quand le latin utilisait des prépositions, elles étaient, elles aussi, encore suivies d’une déclinaison).
Par exemple, la préposition “de” régissait l’ablatif : elle en portait le sens mais déclenchait aussi la déclinaison ablative. Ici en l’occurrence, la déclinaison ablative de « tergum », qui est « tergo ».
De tergo » = « de derrière »
Malgré ce double emploi, c’est la déclinaison qui convoyait le sens, plutôt que la préposition. Dans toutes les langues romanes (même le roumain), le sens a plus tard été mis sur la préposition, rendant la déclinaison obsolète et conduisant à sa disparition.
En ancien français
Note : on appelle « ancien français » l’ensemble des dialectes de la langue d’oïl parlés entre le VIIIème et le XIVème siècle. Il s’agit géographiquement de la moitié nord de la France, car on parlait la langue d’oc au Sud.
Les déclinaisons n’ont pas disparu des langues romanes en un jour. On parle d’érosion ; une lente confusion des formes, jusqu’à leur disparition, avec beaucoup d’étapes intermédiaires.
En ancien français, les déclinaisons nominales demeurent, sous une forme très simplifiée. Il n’en reste que deux, qu’on appelle le cas sujet et le cas régime. Ce cas régime est un « oblique », ce qui, en grammaire, recouvre tout ce qui ne relève pas du cas nominatif (le cas du sujet). En ancien français, on parle d’oblique car tout c’est ce qui reste après la fusion des déclinaisons nominales du latin.
En résumé : l’oblique, qu’on appelle ici « cas régime », est n’importe quel cas autre que le nominatif, qu’on appelle ici « cas sujet ».
Les formes du cas régime sont amusantes pour un locuteur du français moderne, car elles n’ont plus rien à voir avec des terminaisons ; ce sont des formes complètement différentes du cas sujet, ce qui témoigne de l’évolution de la langue française vers un comportement prépositionnel ; mais au XIVème siècle, le français est encore, en pratique, une langue à déclinaisons.
Ayant hérité de la tradition latine, l’ancien français sépare ses déclinaisons en trois types qui dépendent surtout du genre. Le genre neutre n’existe plus en ancien français mais un troisième type existe quand même (type 1 = masculin ; type 2 = féminin ; type 3 = mixte). Au sein de ces types, on distingue deux sous-types (normal et hybride) sauf dans le troisième qui en distingue quatre.
(Vous pouvez trouver le tableau dans une version plus étendue sur Wikipédia à cette adresse).
Type 1 (féminin) | Type II (masculin) | Type III (mixte) | ||||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
normal | hybride | normal | hybride | masc. en -eor | masc. en -on | fém. en -ain | irréguliers masc. et fém. | |||
sg. | sujet | la dame | la citez | li murs | li pere | li chantere | li lerre | la none | li cuens | la suer |
régime | la dame | la cité | le mur | le pere | le chanteor | le larron | la nonain | le conte | la seror | |
pl. | sujet | les dames | les citez | li mur | li pere | li chanteor | li larron | les nones | li conte | les serors |
régime | les dames | les citez | les murs | les peres | les chanteors | les larrons | les nonains | les contes | les serors | |
Note : Les noms de type I et II étaient de beaucoup les plus nombreux. |
Ainsi, « dame », qui est le mot en ancien français pour « dame », se comporte exactement de la même manière qu’à nos jours. Il ne change pas de forme en COD : « il anbrace la dame », à l’inverse du mot « suer » (« sœur »), qui change de forme au COD : « il anbrace la seror ».
Quoique le cas sujet et le cas régime aient complètement disparu de tous les dialectes du français au XVème siècle, ils ont contribué au lexique du français moderne. Généralement, la langue a conservé la forme du cas régime, plus courante. Mais il existe des exceptions : « sœur », « fils », « prêtre » et « ancêtre » ont par exemple pour origine un mot du cas sujet. Parfois, le français contemporain a gardé un mot de chaque origine pour des sens (souvent) différents, d’où les doublets « gars / garçon », « copain / compagnon », « sire / seigneur », « pute / putain » ou encore « pâtre / pasteur ».
Dans le reste des langues romanes
Dès le latin
On observe le phénomène d’ « érosion » dès l’époque où les différents dialectes du latin n’avaient pas encore pris le nom des différentes langues romanes existant aujourd’hui.
En latin classique (avant le IIème siècle), il y a cinq types de déclinaisons, c’est-à-dire cinq façons différentes d’appliquer les déclinaisons selon les mots.
En latin vulgaire (entre le IIème et le Vème siècle, la charnière entre le latin et les langues romanes), il n’y a plus que trois types de déclinaisons.
De plus, et ce dès le IIème siècle avant J.-C., les prépositions commencent d’être généralisées et de ne plus déclencher les déclinaisons spécifiques, qui sont remplacées par l’accusatif selon un usage générique.
- « patri » : en latin classique, on utilise la déclinaison seule (ici, le datif) ;
- « Ad patrem » : en latin vulgaire, on utilisait la préposition suivi du nom à l’accusatif.
Cette possibilité nouvelle marque le début de l’usage très étendu des prépositions dans les langues romanes occidentales aujourd’hui.
Au tout début du Vème siècle, le latin vulgaire n’a plus que deux déclinaisons décomposées en trois types (comme on vient de le dire). On peut exemplifier avec le tableau suivant.
Type 1 | Type 2 | Type 3 | ||
---|---|---|---|---|
Singulier | Nominatif | capra | mūrus | panis |
Oblique | mūru | pane | ||
Pluriel | Nominatif | capre / capras | mūri | panes |
Oblique | capras | mūros | ||
Les mots « chèvre », « mur » et « pain » en latin vulgaire. |
C’est de ce matériau que vont émerger, à partir du VIème siècle, les langues romanes telles qu’on les connaît aujourd’hui. Étudions maintenant ce qu’elles font avec, chacune de leur côté.
Dans chacune des langues romanes
Le français est la langue romane qui a gardé les déclinaisons le plus longtemps après le roumain, qui les garde encore aujourd’hui. Commençons par expliquer cette conservation.
- Le roumain a été tenu éloigné de ses cousines romanes, ce qui l’a empêché de suivre le même développement qu’elles. De plus, elle est entourée par les langues slaves et le hongrois, dont la grammaire est fondée sur les déclinaisons ; leur influence n’a donc pas conduit à leur disparition en roumain, quoiqu’elles se soient érodiées aussi depuis le latin.
- En français, la survie des déclinaisons jusqu’au XIVème siècle est un peu plus complexe. Elle s’explique en partie par le contact avec les langues germaniques, qui ont énormément influencé la prononciation du français. Ces transformations phonétiques rapides ont conduit à l’effondrement brutal des différents types de déclinaisons, mais pas des déclinaisons en elles-mêmes. Il s’agissait seulement de transformations dans la prononciation, pas dans la grammaire. Le fonctionnement grammatical est resté le même, et la disparition des subtilités a rendu la simple distinction du cas sujet et du cas régime plus régulière et beaucoup plus durable.
- En espagnol, les déclinaisons ont entièrement disparu très tôt. Au VIIème siècle, la morphologie du nom était déjà celle qu’on connaît aujourd’hui. Ce tableau vaut aussi pour le portugais, qui ne s’est séparé de l’espagnol qu’au XIVème siècle.
Singulier | cabra | muro | pan(e) |
Pluriel | cabras | muros | panes |
Les mots « chèvre », « mur » et « pain » en proto-espagnol. |
- L’italien a quant à lui gardé une trace de l’oblique, mais beaucoup moins longtemps que le français puisqu’il est déjà pratiquement invisible au VIIème siècle, et par conséquent voué à disparaître très vite.
Type 1 | Type 2 | Type 3 | ||
---|---|---|---|---|
Singulier | Nominatif | capra | muro | pani |
Oblique | pane | |||
Pluriel | Nominatif | capre | muri | pani |
Oblique | muro | |||
Les mots « chèvre », « mur » et « pain » en proto-italien. |
Pour référence, voici ce que faisait le vieux français de ces mots au VIIème siècle (et ce qu’il a continué à faire jusqu’au XIVème siècle).
Type 1 | Type 2 | |||
---|---|---|---|---|
Singulier | Nominatif | chevre | murs | pains |
Oblique | mur | pain | ||
Pluriel | Nominatif | chevres | mur | pain |
Oblique | murs | pains | ||
Les mots « chèvre », « mur » et « pain » en vieux français. |
Voilà, la boucle est bouclée. Si vous n’avez pas lu mon premier article sur les déclinaisons du français, il est ici → Oui, le français a des déclinaisons. J’y parle des déclinaisons des pronoms personnels, qui existent encore en français. Mais ainsi qu’on l’aura compris, l’évolution des pronoms personnels n’a pas été la même que celle des noms.
Les pronoms, beaucoup plus souvent utilisés sous leurs formes fléchies que les noms, avaient leur propre système. Ils sont le dernier vestige d’un fonctionnement aujourd’hui obsolète des langues romanes occidentales.
[…] je le disais en intro, il y a une suite à cet article qui porte sur l’histoire des déclinaisons en français et dans les autres langues romanes. Merci de votre lecture […]
On remarque en français la persistance du cas sujet dans quelques prénoms, comme Charles, Gilles, Yves. Et l’opposition sujet/oblique dans les mots pute/putain et gars/garçon.
En passant, le locatif n’est pas le cas de la destination (ça, c’est l’accusatif), mais du lieu sans mouvement.
J’avais cité les doublets. Merci pour le correctif (le locatif est en effet le lieu sans mouvement), mais la destination serait plutôt l’allatif. Dans quel cas y voyais-tu l’accusatif ?
Il n’y avait pas d’allatif en latin. Mais on utilisait l’accusatif pour la direction.
Je vais à Rome: eo Roman.
J’entre dans la maison: Intro domum.
L’étendue des déclinaisons s’étend certes à des usages divers selon les langues, potentiellement au-delà du seul cas grammatical, mais l’usage latin ne doit pas faire loi. L’accusatif n’est pas, de manière générale, la déclinaison du mouvement, mais simplement celle du complément d’objet direct.
Mais ici, on parle des langues romanes, non? Donc le latin est le modèle.
Étant donné que les langues romanes ne l’utilisent plus… non. Et quand bien même, en l’absence d’un modèle, c’est faux aussi. Laissons à César ce qui appartenait à César.
[…] rien de paradoxal : les mots « pâtre » et « pasteur », par exemple, viennent respectivement du cas nominatif et du cas oblique d’un même mot, du temps où le français distinguait encore ces deux déclinaisons (c’est-à-dire avant le XIVe […]
[…] rien de paradoxal : les mots « pâtre » et « pasteur », par exemple, viennent respectivement du cas nominatif et du cas oblique d’un même mot, du temps où le français distinguait encore ces deux déclinaisons (c’est-à-dire avant le XIVe […]
[…] rien de paradoxal : les mots « pâtre » et « pasteur », par exemple, viennent respectivement du cas nominatif et du cas oblique d’un même mot, du temps où le français distinguait encore ces deux déclinaisons (c’est-à-dire avant le XIVe […]
Super intéressant!
Merci beaucoup !
Bravo pour ton travail. J’ai des questions peut-être trop pointues mais la curiosité me démange donc je vais les poser quand même.
J’ai lu que les cas du Latin venaient de cas semblables dans l’Indo-européen, qui avait également 3 genres. J’aimerais savoir quelles sont les hypothèses pour expliquer que ces langues anciennes aient une grammaire aussi complexe à une époque ou la plupart des individus n’avaient qu’une instruction sommaire. J’aimerais savoir aussi si historiquement toutes les langues vont dans le sens d’un simplification ou si au contraire on a des exemples de complexification?
Histoire de ne pas dire de bêtises, je suis allé quérir l’aide de quelqu’un de plus calé que moi dans le domaine ; en vérité, nous ignorons beaucoup de choses du proto-indo-européen, y compris pourquoi les genres ont émergé au juste.
Quand à l’évolution… Je rappelle que la difficulté d’une langue est fonction directe de la langue maternelle de l’observateur. Est-ce que le Soleil se déplace plus vite que les étoiles ? Non, c’est simplement la position de la Terre et la rotation des objets célestes entre eux qui nous donnent cette impression. On peut donc parler de convergence ou de divergence relative, mais pas de complexification ou de simplification relative. Du point de vue morphologique, par contre, cela varie ; le proto-indo-européen s’est partout simplifié, mais les langues ouraliques ou le japonais sont des exemples de langues ayant gagné des formes grammaticales au fil du temps.
J’espère t’avoir aidé !
L’idée d’apprendre sa langue maternelle à l’école est tout à fait nouvelle, et ne doit son utilité que parce que la langue qu’on y apprend n’est pas réellement sa langue maternelle mais un construit basé sur un empilement de strates provenant de la littérature de diverses époques, d’une écriture elle aussi passablement artificielle et en retard, en plus d’une grammaire copiée sur celle du latin et du grec. En fait, jusqu’au XIXe ou XXe siècles, les gens parlaient français, chinois ou arabe sans l’apprendre dans une école.
C’est un fait, la France est dans un état de diglossie entre sa langue écrite et sa langue parlée. Et ce à force de la marteler avec le marteau de la réforme sur l’enclume du prescriptivisme… C’est trop tard pour faire marche arrière maintenant.
Merci pour vos réponses. J’ai posé cette question parce que j’ai lu que les premiers systèmes d’écriture, avant l’adoption de l’alphabet (comme les hiéroglyphes égyptiens ou l’écriture maya) étaient volontairement complexes et nécessitaient une longue instruction. Ils étaient donc réservés à la classe des scribes et ne servaient qu’à noter des actes officiels ou religieux et servaient donc la domination des souverains et des prêtres. Je me demandais donc si on pouvait de la même façon analyser la complexité « morphosyntaxique » du latin ou de l’indo-européen comme un instrument de domination quelconque. C’était l’idée qu’il y avait derrière ma question, mais visiblement selon vous ce n’est pas le cas.
J’avais un ami espérantiste qui s’amusait de l’incrédulité que manifestaient les Français face au lituanien, qui a sept cas, trois genres (masculin, féminin et neutre) et trois nombres (singulier, duel et pluriel). Et, non, les écoliers lituaniens ne souffrent pas plus qu’ailleurs, par qu’ils savent déjà parler leur langue maternelle en entrant à l’école. Tout comme les francophones savent que le futur de je vais est j’irai et que le passé de je suis est j’étais…
Exactement Sylvain. Aucune langue n’est plus difficile qu’une autre dans l’absolu, et c’est ce que j’essaierai de démontrer dans mon article jeudi.
Je ne nie pas que l’écriture fût à l’origine réservée aux classes éduquées, j’ignore simplement dans quelle mesure cela a joué un rôle dans leur fossilisation. 🙂 Mais je sais que les scribes eux-mêmes ont parfois participé à la simplification de la langue (voir l’écriture hiératique).
Merci à vous deux pour vos commentaires.
Quelle fossilisation? À part l’anglais et le français, la plupart des écritures sont régulièrement mises à jour…
Je ne parlais de nulle autre langue que le français et l’anglais, mea culpa pour l’ambiguïté.
J’ai spontanément travaillé avec mes élèves de latin sur les déclinaisons pronominales du français et construis un module sur l’émergence du français (comment expliquer le S au pluriel et la multiplicité des terminaisons du singulier). Je trouve ici un article de qualité. Bravo à vous.
Merci à vous !
Article intéressant, merci !
Il y a toutefois des erreurs dans ce passage :
“« Ad patri » : en latin classique, il fallait utiliser la préposition et la déclinaison correspondante (ici, le datif) ;
« Ad patrem » ou « patri » : en latin vulgaire, on pouvait utiliser la préposition suivi du nom au nominatif ou le nom décliné seul.”
En latin classique, ad prend l’accusatif et pas le datif. De plus, le nominatif de patrem est pater.
Donc dans l’exemple, pour peu que le principe exposé soit correct en latin vulgaire, ce que je ne sais pas, il fallait écrire :
« Ad patrem » : en latin classique, il fallait utiliser la préposition et la déclinaison correspondante (ici, l’accusatif) ;
« Ad pater » ou « patrem » : en latin vulgaire, on pouvait utiliser la préposition suivi du nom au nominatif ou le nom décliné seul.
Je persiste, source à l’appui : Romances Languages (A Historical Introduction), Ty Alkire & Carol Rosen, p. 187, paragraphe 8.3.1 (lien : https://books.google.fr/books?id=9P3Ifze8gUQC&lpg=PA5&vq=Latin%20stress&hl=fr&pg=PA188#v=snippet&q=ad%20patri&f=false ).
Dans l’espoir de n’avoir pas mal lu, je vous remercie de votre retour, car une information vérifiée est précieuse. J’ai pris l’habitude de noter mes sources avec mes articles ultérieurs.
Merci de votre passage !
Je pense effectivement que vous avez mal lu 😉
Votre source confirme en fait ce que je dis.
Votre source parle d’un remplacement, au 2ème siècle avant Jésus-Christ ( et non pas après J-C !) de la construction ancienne (archaïsante) qui consiste remplacer le mot décliné au datif (cas correspondant à l’objet indirect) par l’emploi d’une préposition + nom (au cas exigé par ladite préposition).
Dans l’exemple pris dans votre source, il est question d’un texte de Plaute, qui, pour dire « au père » ou « à ton père », utilise tantôt la forme ancienne « patri » (datif), tantôt la forme plus récente du latin classique « ad patrem »(ad + accusatif).
D’ailleurs, un autre exemple est donné un peu plus loin avec « AD EOS », « eos » étant à l’accusatif, ce qui est du latin classique, par opposition au latin de Plaute qui conserve des caractères archaïques.
Votre source donne un autre exemple du même phénomène où le génitif (cas de l’appartenance) est remplacé, toujours chez Plaute, par la construction « de + ablatif » (qui est d’ailleurs toujours utilisée en français ! Ex : canis Plauti -> canis de Plauto -> le chien de Plaute)
Pourquoi prendre des exemples tirés de Plaute ? Parce qu’il s’agit d’un auteur de pièces de théâtre populaires qui, contrairement aux « grands » auteurs, utilise souvent le parlé quotidien des gens, le latin vulgaire de son époque.
Or, on constate que des traits présents dans les langues romanes, existaient déjà dans le latin quotidien parlé bien avant l’ère du latin dit « classique » du 1er siècle avant J-C, celui des César, Cicéron et autres Virgile.
Dans votre source, il est d’ailleurs bien indiqué « from early latin onward » (« Dès le latin du début », cfr le paragraphe sous le titre 8.3)
Je reconnais que ce n’est pas facile de s’y retrouver ! 🙂
Et bien ma foi, vous avez raison. Pour la date, j’ai mal lu. Le cas, je l’ai interprété : dans la formule « de + noun », j’ai déduit que ce devait être le nominatif par défaut, mais c’est faux.
Je corrige illico. Merci d’avoir contribué à améliorer mon contenu !
J’ai modifié, mais je pense qu’une relecture supplémentaire ne ferait pas de mal.