Le lundi, j’ai foui…
L'Air de Paris
Jean Gabin – La boxe était un sport en vogue dans le Paris d’antan qui n’était pas très branché sport, et faire un film dessus cassait un peu les classiques, on en tirait le plaisir de s’encanailler parmi ces suants musclés. Quoiqu’on puisse penser du thème, c’est ici l’occasion de retrouver Jean Gabin dans un rôle pour une fois sans ambiguïté. Le franchouillard ronchon marque par sa bonhomie et sa bonté, et on ne peut l’accuser que de ne pas faire la part des choses dans l’intérêt commun. Y aurait-il un pendant secret à cette gentillesse suspecte ? Même pas ! C’est aussi une comédie bien au-dessus de sa moyenne de drôlerie jusque là, et il fait enfin partie d’une fin pas si terrible. Bon, le protégé de son personnage a dû faire le choix entre sa carrière et son amour. Mais la dureté et la monotonie des matchs de boxe est compensée par un grain de folie rafraîchissant en la personne du tailleur notamment. Content de connaître le sourire de Gabin trois décennies après le début de sa carrière.
Le mardi, j’ai foui…
Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal
Steven Spielberg – La série Indiana Jones a toujours assumé ses extrémités et ses incursions très fréquentes dans le monde du cliché. Presque vingt ans après la sortie du précédent opus, Spielberg a décidé d’assumer encore plus en…faisant plus fort ! C’est avec un GROS grain de folie que le scénario s’excuse de ses débordements les plus extravagants. Échapper à une bombe atomique en se réfugiant dans un frigo n’est pas une idée qui frappera l’esprit du premier scénariste venu pour la bonne raison qu’il s’attachera à un minimum de réalisme. Mais celui de Spielberg, non ! Chapeau bas pour ça (fouet aussi).
Bon, il reste bien sûr les mauvais côtés à ce genre d’entreprise : le jeunot qui s’avérera être le fils intelligent et adroit d’Indiana joue le rôle du poseur de questions, quitte à les répéter plusieurs fois du moment qu’on est sûr que le spectateur a compris. Mais on peut raisonnablement espérer que l’unique Cri Wilhelm et l’abus d’effets sonores en boîte sont autant de clins d’œil aux premiers films, pour les plus nostalgiques. Un clin d’œil certain, en revanche, c’est la reprise de la musique de La Guerre des Mondes, un autre film de Spielberg : bien joué John Williams !
Au niveau mise en scène, on peut noter la propension du réalisateur (je l’ai déjà cité ? C’est Spielberg) à montrer des plans devant lesquels il n’y a à première vue que le fouillis du tournage : caméras, prise de son, rails pour travellings et toute l’équipe. Mais alors on recule et que voit-on ? Le reste du plan dont on ne voyait en fait pas la moitié !
Un ultime commentaire sur le scénario : la série faisait fort dans l’entremêlement d’intrigues historiques (Guerre Froide, tout ça), archéologiques (mayas, incas, égyptiens antiques, tout ça), politiques (Staline, CIA, tout ça) à un pot-pourri d’action. Mais dans le Royaume du Crâne de Cristal, ajouter l’élément petits hommes verts ! Une nouvelle fois, chapeau et fouet bas.
Le mercredi, j’ai foui…
Un Élève Doué
Film tiré d’une oeuvre de Stephen King – Un film qui part sur un excellent plantage de décor. Un vieil homme s’avère être un criminel de guerre nazi, ce que découvre un jeune garçon. Il a l’air d’un gentil pépé mais une certaine scène où un chat échappe de peu finir au four à gaz nous donne une idée de sa santé mentale. D’un autre côté, le jeune garçon se rapproche de l’homme dans la volonté morbide de se faire une idée exacte des horreurs de la guerre.
Cette relation le fait sombrer soudain dans les affres de l’échec scolaire et les deux personnages entament un rapport de force fascinant qui se rééquilibre sournoisement sous l’effet du temps. Mais voilà qu’à eux deux, ils prennent part à un meurtre où le garçon de 16 ans, étudiant d’ordinaire modèle, fait preuve d’une froideur d’esprit, d’une débrouillardise et d’une cruauté sans commune mesure. Un meurtre sans réelle justification, d’ailleurs.
Et si au final la réalisation est correcte, et l’intrigue très dure prenante, il demeure ce grand malaise d’une relation sans affection entre les deux protagonistes. Les traits de cruauté ne trouvent aucune compensation émotionnelle, et il n’y a pas de punition de l’un ou l’autre de s’être montrés inhumains. Car le garçon s’en sortira visiblement très bien dans la vie professionnelle et le vieil homme tend un dernier majeur à la planète en choisissant la voie du suicide. Beaucoup trop ambigu, ce film met définitivement mal à l’aise et pas dans le bon sens.
Le jeudi, j’ai foui…
Les Gardiens de la Galaxie
Le vendredi, j’ai foui…
Edge of Tomorrow
Un court résumé sans spoiler du film éveille déjà la curiosité : un soldat revit la même journée encore et encore. Quoi, peut-on faire tourner une intrigue sur cette simple ligne sans verser dans une répétition ennuyeuse ? Le slogan tient même en trois mots : « Live. Die. Repeat. » (« Vivre. Mourir. Recommencer. »).
Alors franchement, ça se répète beaucoup et cela risque de poser problème aux personnes qui aiment regarder leurs films plusieurs fois. L’histoire souffre surtout de la compression du temps entre deux scènes identiques. La régie n’hésite pas à faire l’impasse sur certains blancs dans les dialogues qui existaient avant, et qui dans une scène similaire, disparaissent pour rendre le dialogue plus concis que nature. C’est sûrement la sur-utilisation de ce procédé (souvent utilisé dans les flashbacks pour ne pas surcharger le spectateur de passages qu’il a déjà vus) qui est le plus gros défaut du film. Car l’oeuvre propose ici des centaines de fois la même RÉALITÉ, ce n’est donc pas avec un procédé elliptique qu’elle sera convaincante. Mettons ça sur la difficulté de faire un film qui ne soit pas monotone sur une histoire aussi réduite : c’est honorable en effet.
Laissons tout de suite tomber les effets vidéo (on est en 2014, c’est forcément un aspect admirablement traité). En revanche, les effets sonores sont intéressants dans leur traitement de l’équilibre : notamment, les tirs d’armes à feu, qui évidemment sont loin du bruit réel, occultent ici les voix d’une façon tout à fait réaliste.
D’autre part, cette lutte à part égale entre l’Homme et la Mort, qui devrait affaiblir encore l’image édulcorée qu’on en a au cinéma, donne pourtant un reflet plus acéré aux blessures. Car du moment que William Cage ne peut plus reprendre la journée à zéro comme s’il était doté des cent vies d’un jeu vidéo, la moindre égratignure apparaît vraiment comme la fine frontière entre la vie et la mort (avec une minuscule, cette fois). Et l’égratignure, on ne l’ignore plus comme on le ferait d’une fioriture graphique.
Une version de Starship Troopers moins spatiale, plus terre-à-terre même, où tout part en ratatouille et que Tom Cruise, toujours attrayant dans les films SF, vient mettre en valeur. En plus, c’est un des très rares « films temporels » à jouer avec suffisamment de discernement avec le temps pour ne pas créer d’horripilant paradoxe. A voir ce film, on risque de vouloir le regarder encore et encore !
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